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  Dossier - Aout-Septembre 2012

 Éclairage de sécurité :
Sauver des vies dans un cadre réglementaire


 

Luc Sersiron em54 Edito

 

"Sauver des vies par l’éclairage de sécurité"

 

Saint-Laurent-du-Pont, le 1er novembre 1970… 180 jeunes gens dans un dancing, le Cinq-sept, qui prend feu… Le sinistre a fait 146 victimes ! Les issues de secours n’étaient pas balisées… La plus grande catastrophe française depuis 1945, l’élément déclencheur qui a permis au législateur de prendre conscience de l’exigence d’un éclairage de sécurité, et de réglementer. Il fallait éviter la panique, permettre de trouver facilement les issues de secours.
Aujourd’hui, la nécessité d’évacuer les bâtiments concerne de multiples autres circonstances : tremblement de terre, tsunami, terrorisme, soupçon d’un risque d’explosion.
Par ailleurs, la loi « handicap » du 11 février 2005 rappelle les droits fondamentaux des personnes handicapées et réaffirme le principe d’accessibilité de « tous à tout ». Rendre accessible le cadre bâti, c’est un devoir… Évacuer, une obligation ! Pour les personnes n’étant pas en situation de handicap, l’accessibilité reste aussi une préoccupation permanente : femmes enceintes, incapacités temporaires suite à un accident du travail ou domestique, difficultés sensorielles liées à l’âge, surpoids… sont autant de situations où l’individu n’est pas à proprement parler en situation de handicap, mais tout de même concerné.
Cette loi impose que soit traitée l’intégralité de la chaîne du déplacement au 1er février 2015. IGNES s’y attelle depuis trois ans avec l’Afnor dans le cadre de la commission P96A, un groupe de travail rassemblant une trentaine d’associations et les pouvoirs publics  concernés, de façon à apporter des préconisations concrètes pour aider et faciliter l’évacuation des personnes à mobilité réduite : un Dispositif de Balisage Renforcé pour atteindre les espaces d’attente sécurisée préconisés pour les bâtiments à étages, et les Diffuseurs Lumineux pour faciliter l’alerte des personnes malentendantes en situation isolée, en cas de nécessité d’évacuation.
Un guide de bonnes pratiques à l’attention des maîtres d’ouvrage (Ref. BP P 96-101) a été publié par l’Afnor en janvier 2012 : il détaille les solutions à mettre en place dans le cadre bâti, principalement les Établissements Recevant du Public (ERP), puis les locaux recevant des travailleurs (ERT).
Nos travaux vont continuer pour clarifier et apporter des solutions pour d’autres types de handicap, cognitifs ou sensoriels, avec des solutions tactiles, vibratiles ou d’autres moyens d’alertes. Notre ambition ? Améliorer la qualité des produits dans le respect des normes et l’impact environnemental de nos solutions ainsi que leur intégration dans la cadre bâti, rechercher les solutions les plus fiables, faciliter la maintenance pour l’exploitant, viser les économies d’énergie en remplaçant les blocs d’éclairage incandescent d’ancienne génération fortement énergivores par des blocs à leds, conduisant à un rapide retour sur investissement…

Luc Sersiron,
Président du Comité Métier Éclairage de Sécurité, IGNES

 

 


 

Éclairage de sécurité :
Sauver des vies dans un cadre réglementaire

 


 

En cas d’incendie ou de tsunami, il faudrait que nous sortions tous… Mais si le secteur était coupé, nous nous retrouverions dans le noir dans les escaliers. Le bloc d’éclairage de sécurité permettrait alors d’évacuer facilement. En somme, un produit technologique vital, mais réglementé.

 

 grands hotels baes

 

Voici un marché mature, en croissance depuis sa naissance : en 2011, le chiffre d’affaires total des adhérents IGNES est de 127 M€ réparti entre les Blocs Autonomes d’éclairage de Sécurité pour 85 %, les systèmes centralisés (sources centrales et luminaires de sécurité pour sources centrales) pour 10 %, et les blocs autonomes d’alarme sonore pour 5 %. Un marché en progression de +3 % par rapport à 2010. « En 2011, nous avons commercialisé 2,6 millions d’appareils », ajoute Luc Sersiron, directeur général d’URA, président du Comité Métier Éclairage de Sécurité : « notre activité se répartit entre la distribution électrique généraliste et un tant soit peu spécialisée (70 %) et les ventes directes auprès des grands clients (30 %) ».
Le marché est soumis à des exigences très élevées de fiabilité et d’aptitude à la fonction (tenue au feu, autonomie, niveau d’éclairement), mais aussi de mise en œuvre, de maintenance et de vérification par des contrôles périodiques. Ces exigences réglementaires précisées par des normes, ont une incidence forte sur les performances que les produits doivent satisfaire et sur la manière dont ils sont conçus. Pour faire la démonstration de leurs efforts en écoconception, les fabricants s’engagent à publier des Profils Environnementaux Produit (PEP), véritable carte d’identité environnementale établie selon un référentiel normalisé et certifié par tierce partie.


EcoLabel« Il y a trois niveaux de certification », rappelle Nathalie Coursière, responsable Normalisation et Environnement chez Legrand, vice-présidente du comité Métier au sein d’IGNES :

  • La sécurité des personnes et la fiabilité des installations correspondent au prérequis absolu. À cet effet, la marque NF AEAS (Appareils Électriques Autonomes de Sécurité) garantit la sécurité des personnes et assure la conformité aux exigences de la réglementation.  Tous les constructeurs français d’éclairage de sécurité mettent sur le marché des produits qui s’y conforment.
  • La facilité de maintenance est certifiée par la marque NF Performance SATI. Environ 70 % des mises en marché sont certifiées.
  • L’excellence environnementale est certifiée par l’Eco Label NF Environnement. Environ 20 à 25 % des mises en marché répondent à ce niveau d’excellence environnementale.

 

Quatre fonctions de base

L’éclairage de sécurité remplit quatre grandes fonctions :

  • L’éclairage d’évacuation (bâtiments tertiaires et industriels) avec des dispositifs placés au-dessus des portes pour indiquer les issues de secours.
  • L’éclairage antipanique (ou éclairage d’ambiance) pour fournir un éclairement minimum dans certaines grandes salles ou dans les établissements recevant plus de 100 personnes.
  • L’éclairage de sécurité pour bâtiments d’habitation avec une autonomie plus importante pour l’habitat collectif.
  • Pour les locaux à sommeil (hôtels, établissements de soins…) : deux fonctions sont associées dans des dispositifs d’éclairage de sécurité : éclairage minimum (10 lm pendant 5 heures) en cas de coupure de secteur la nuit, éclairage de sécurité (45 lm pendant 1 h) en cas de danger (incendie).

 

AEES BAES ledCes fonctions sont réalisées par des blocs autonomes d’éclairage de sécurité (BAES) ou par des luminaires alimentés par source centrale (LSC). Ils peuvent être standards ou munis d’un système de test (SATI, Système Automatique de Test Intégré), NF Environnement ou non.
De nouvelles fonctions apparaissent, comme celle apportée par les blocs à phares destinés aux bâtiments de grande hauteur (entrepôts…) pour éclairer la sortie de secours ou les obstacles sur un parcours d’évacuation.

tableau fabricant BAES

 

 


 

La maintenance est un processus clé
AEES BAES tout ledForce est de constater la généralisation des produits munis d’un test automatique. Quelque 70 % des produits mis sur le marché intègrent ce système d’automatisme soumis bien sûr à un référentiel, donc avec une certification et la marque de qualité NF AEAS Performance Sati. Cette généralisation s’explique par le réel bénéfice apporté à l’exploitant pénalement responsable de son installation d’éclairage de sécurité. S’il installe un bloc SATI, il a la certitude d’avoir facilement l’état de son parc, ou le cas échéant, de déterminer un défaut de batterie ou de source lumineuse : par contre, le technicien doit se déplacer pour constater l’état du parc. Avec le « SATI adressable », les défauts sont centralisés, ce qui permet de connaître l’état du parc en temps réel, sans avoir à se déplacer… puis d’éditer la liste des pièces détachées requises pour assurer la maintenance des blocs dans lesquels un défaut a été perçu, d’où des économies d’énergie et de personnel : le technicien de maintenance sait précisément quand il doit se déplacer, où, avec quelles pièces de rechange. Mais il ne représente que 8 à 10 % du marché, celui des installations de grande dimension (plus de 500 blocs).

AEES BAES telecommandeEntre SATI et SATI Adressable, il est des solutions intermédiaires qui permettent de lancer à l’aide d’une télécommande, une alerte en cas de défaut sur un parc comptant un nombre restreint de blocs. Ainsi en est-il chez Legrand avec le SATI Autodiag : selon Romain Fourrageat, responsable marketing Éclairage de Sécurité, « il n’engendre quasiment pas de surcoût par rapport à une solution classique, et sans commune mesure avec l’augmentation enregistrée avec une solution SATI adressable ».


Notons enfin que dans ce domaine de la maintenance des installations, certains fabricants tels que Cooper proposent leurs services en sous-traitance des installateurs. Un service qui s’étend à l’assistance technique, depuis l’étude de l’installation, l’assistance technique à l’installation, la mise en service notamment dans le cas d’utilisation d’un système quelque peu évolué, la formation des installateurs… jusqu’à la maintenance de l’installation.

 

 


 

Les leviers de croissance
Le métier de l’éclairage de sécurité bénéficie de 5 leviers de croissance :

  • la marque de qualité NF AEAS qui s’appuie sur un référentiel de certification Afnor avec l’obligation de performances nettes ;
  • les économies d’énergie, du fait notamment de l’installation de leds dans les produits qui ouvre la voie au développement plus rapide de la marque de qualité NF Environnement, la seule pour le matériel électrique ;
  • la facilité de maintenance ;
  • l’évacuation de tous, « notre fer de lance pour l’année 2012, compte tenu de la parution du Référentiel Afnor sur l’accessibilité dans les établissements recevant du public », dit Nathalie Coursière.

evolution du marche 54

 


L’éclairage de sécurité…

 

« Nos produits ne s’intègrent pas dans votre tableau de l’offre du fait de leur résistance intrinsèque. Ils constituent un complément de gamme à vocation industrielle », nous explique Boris Cosvin, en charge du marketing produit : « nous offrons des BAES bénéficiant d’un fort indice de protection IP68 et d’un indice de résistance aux chocs IK10, qui correspond, selon la norme NF EN 60262 à un choc de 20 J ». Ces BAES durcis ont des « petits frères » en LSC (luminaires pour source centrale) : la source centrale est bâtie sur la technologie des cathodes froides, ce qui permet de réduire un tant soit peu la consommation.
Une gamme de luminaires à leds pour source centrale 24 Vdc est annoncée pour les températures négatives extrêmes. Objectif : réaliser un éclairage d’ambiance ou d’évacuation jusqu’à -60 °C.

 


 

Technologie : les leds prennent le dessus

Etap lighting bloc suspenduSelon Claude Boyer, directeur marketing & services chez Cooper Safety, « nous avons sorti le premier produit d’éclairage de sécurité à led en 2000… Une vraie révolution qui a permis à l’éclairage de s’intégrer dans le bâti ».
Tous les fabricants basculent vers la diode, notamment depuis l’apparition de leds à haute performance offrant des rendements lumineux élevés (100 lm/W, contre 10 lm/W pour la lampe à incandescence). Les leds s’installent dans tous les recoins de l’éclairage de sécurité. « Le taux d’équipement du marché des blocs autonomes d’éclairage de sécurité ou des blocs d’ambiance par des leds se positionne aujourd’hui autour de 60 % », précise Francesco Cagliero, président de Cooper Safety pour l’Europe du Sud. « La led, ce n’est pas qu’une innovation, mais aussi une source d’économie d’énergie et la possibilité de rajouter des fonctions autour d’un bloc d’ambiance ou d’un bloc d’évacuation ». La led autorise des formes, des dimensions, des solutions esthétiques que les anciennes technologies ne permettaient pas.


AEES BAES source ledLa durée de vie de la led est plus importante que celle du tube fluorescent : sa mise en place accroît naturellement la fiabilité et la durée de vie des installations. Christine Dufresne, responsable marketing opérationnel chez AEES précise : « la led a une durée de vie (50 000 heures), 5 fois supérieure au moins à celle du fluorescent ». Pour Frédéric Torres, directeur commercial marketing France de Kaufel, « la led reste la source lumineuse phare, certes, mais nous ne nous interdisons pas de regarder d’autres technologies émergentes comme la led hyperfréquence, ou la microled directement moulée dans le plastique… dans la mesure où la technologie apporte de la valeur ajoutée tant en ce qui concerne la visibilité que la mise en œuvre »


Samode COULOMB 100 BTLes batteries bénéficient elles-mêmes d’évolutions, avec l’apparition de nouvelles technologies telles que le NiMH en lieu et place du Nickel-Cadmium traditionnel dans les BAES… La batterie lithium-ion fait son apparition… L’évolution technologique va dans le sens d’une durée de vie de plus en plus longue : aujourd’hui 5 ans… Et demain ?

 

 

 


L’accessibilité en plus
KAUFEL BRIO DBR SECOURS EASAEES BAES DBRLe handicap est une problématique nouvellement prise en charge par les fabricants qui proposent des solutions prenant en compte les contraintes du handicap pour l’évacuation. Ont été créées avec l’Afnor et différents experts intervenant pour définir des moyens permettant de répondre aux objectifs de la loi accessibilité pour les personnes handicapées, deux fonctions nouvelles :

 

  • la diffusion lumineuse (DL) qui a pour mission d’avertir les malentendants en cas d’alarme. Cette fonction peut s’associer au système de sécurité incendie par un simple flash lumineux, ou bien s’intégrer dans un bloc autonome d’éclairage de sécurité ou un bloc autonome d’alarme sonore ;
  • la fonction d’éclairage de sécurité DBR (Dispositif de Balisage Renforcé) permet de dissocier les cheminements qui concernent spécifiquement les personnes à mobilité réduite. Celles-ci seront amenées à passer par des issues dédiées, ou attendre dans des espaces sécurisés pour que les secours viennent les chercher. Un bloc spécifique se met à clignoter pour baliser le cheminement à emprunter et diriger la personne handicapée vers l’issue adaptée.

Jean-Claude Festinger

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