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Dossier - Janvier-Février 2008

Programmation et régulation du chauffage : les tendances


Patrick BayleEdito

"De Vivrelec à Bleu Ciel d’EDF, un partenariat en évolution"

Dix années de partenariat Vivrelec nous ont permis de fédérer un réseau de plus de 5.000 professionnels du bâtiment. D’abord lié au développement des solutions de chauffage électrique innovantes, ce réseau s’est élargi ces dernières années à d’autres corps de métier pour se consacrer plus globalement à l’efficacité énergétique de l’habitat, autour d’un référentiel de qualité commun.


Aujourd’hui, les enjeux autour de la performance énergétique des logements et les attentes des clients en termes de maîtrise des consommations d’énergie, nous ont conduits à insuffler une nouvelle dynamique à notre modèle partenarial. Le lancement de notre marque commerciale pour les clients particuliers Bleu Ciel d’EDF a été l’occasion de renouveler notre relation avec nos partenaires pour plus d’écologie, plus d’économies et plus de bien-être.


Depuis le 1er janvier 2008, le partenariat Vivrelec a donc fait place au partenariat Bleu Ciel d’EDF. Dans la continuité, l’ensemble des valeurs que nous avons structuré avec nos partenaires depuis 10 ans constitue le socle de ce nouveau partenariat.
La logique d’engagement réciproque en termes de qualité et de satisfaction du client reste au programme de la nouvelle politique partenariale Bleu Ciel d’EDF. Il s’agit là d’une accélération propre à améliorer l’efficacité énergétique de l’habitat et la réduction des émissions de CO2. Cette nouvelle politique a été conçue comme une démarche « gagnant-gagnant » capable d’enrichir les partenariats déjà existants avec de nombreux acteurs de la construction et de la rénovation, tout en nous permettant d’élargir encore le cercle de ces partenaires.


Ouverte aux partenaires individuels, comme aux partenaires collectifs, cette nouvelle politique est conçue pour fédérer les professionnels du bâtiment qui le souhaitent autour de la qualité et de la satisfaction des clients. Cet engagement de nos partenaires s’appuie sur le respect du référentiel technique Bleu Ciel d’EDF, la réalisation de travaux de qualité, contrôlés de manière aléatoire, mais également sur le respect d’un comportement commercial éthique.


Une des nouveautés tient à la cession de la licence de marque « Bleu Ciel d’EDF », en contrepartie de laquelle, nous mettons en œuvre un dispositif incitatif animé d’une redevance modulable selon la taille, les réalisations et l’engagement commercial du partenaire. Le partenaire pourra bénéficier, selon son niveau d’engagement, d’outils de promotion, de communication, de financement et d’accompagnement commerciaux, pour lui permettre de développer son activité. Il s’agit donc d’un partenariat équilibré et renforcé, avec des engagements accrus pour chaque partie.


Au-delà de notre politique partenariale commerciale Bleu Ciel d’EDF qui s’adresse principalement aux artisans et entreprises, constructeurs de maisons individuelles et promoteurs, nous travaillons avec l’ensemble des acteurs de la filière, distributeurs, fabricants ainsi qu’avec les fédérations professionnelles dans le cadre de partenariats institutionnels. Ces partenariats reposent également sur le partage d’un objectif commun autour de l’efficacité énergétique et la diminution des émissions de CO2.

 

Patrick Bayle,
Directeur délégué au marketing sur les marchés des particuliers et des professionnels d’EDF.

 

 


Programmation et régulation du chauffage : les tendances


Que serait le chauffage sans régulation ? Au fil des ans, celle-ci s’affine et gagne en intelligence avec les possibilités de programmation horaire et d’apprentissage. L’objectif est double : assurer le confort des occupants en s’adaptant aux habitudes de vie et réduire la facture énergétique.

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L’intégration de la gestion du chauffage dans la stratégie domotique est un axe fort de développement.
Principaux atouts : harmonisation des interfaces et intégration dans les scénarii de commandes groupées.

La gestion numérique, ainsi que les nouveaux modes de communication bousculent le bon vieux thermostat. Par ailleurs, les exigences de performance énergétique induisent l’arrivée de nouvelles solutions pour lesquelles la régulation doit résoudre simplement des problématiques parfois complexes.
Plus de 7 millions de foyers français sont équipés d’un chauffage électrique. Un record en Europe ! Pourtant, face aux solutions « électrique » hautement performantes, le chauffage à effet Joule direct ne risque-t-il pas d’être à terme condamné ? La future RT 2010 pourrait bien trancher la question... A moins que l’isolation thermique ne soit telle que le chauffage ne nécessite plus qu’une très faible puissance
électrique !
Incité par l’offre Vivrelec d’EDF et par les labels Promotelec, le gestionnaire d’énergie a aujourd’hui pris sa place parmi les habitudes des installateurs. En France, les ventes représentent 120 000 pièces sur une année. Environ 100 000 seraient installées parmi les 450 000 constructions neuves, et 20 000 en rénovation. Chef d’orchestre global à programmation hebdomadaire, le gestionnaire d’énergie est capable de gérer la commande des radiateurs, planchers chauffants et plafonds rayonnants électriques, selon 6 ordres : confort, confort -1°C, confort -2°C, Eco, hors gel et arrêt. La fonction de délestage permet d’écrêter les pics de consommation et parfois de souscrire à un abonnement d’une puissance inférieure. Les ordres de confort réduit et Eco permettent de réduire la consommation.

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Confort et performance énergétique du chauffage
sont intimement liés aux capacités de régulation et de programmation.
Des capacités qui deviennent même stratégiques dans un contexte
où le chauffage « électrique” s’élargit à plusieurs technologies,
dont la pompe à chaleur...

 


Demain, quelle régulation ?
Dans l’habitat, la régulation et la programmation s’élargissent dès à présent à d’autres fonctions telles que l’eau chaude sanitaire et le délestage. Le gestionnaire d’énergie en est un parfait exemple. Demain, un seul système, simple à installer et à exploiter, devra pouvoir gérer le chaud, le froid et ses différents modes de production (PAC, chaudière, convecteurs, capteurs solaires...). Ce véritable contrôle-commande va également s’ouvrir aux services et donc aux informations venant de « l’extérieur ». Dans les prochaines années, on peut s’attendre à voir apparaître sur le marché des gestionnaires prenant en compte les données internes et externes de température, tout en collant au plus près des besoins de l’utilisateur, mais aussi en intégrant des informations du fournisseur d’énergie ou, pourquoi pas, des prévisions météo (Siemens travaille sur ce sujet à titre expérimental).

De façon plus pragmatique, les fabricants d’émetteurs muraux devraient proposer des récepteurs radio intégrés sur leurs offres haut de gamme, tout comme le seront les fonctions d’auto apprentissage des mouvements dans la maison. Enfin, l’isolation thermique étant de plus en plus efficace, la puissance des corps de chauffe disponibles devrait baisser et passer de 1 500 et 1 000 W à 1 000 et 750 W.


 

Quand il faut et où il faut
Les gestionnaires existent généralement en version filaire (utilisation du fil pilote des radiateurs) principalement pour des installations dans l’habitat neuf, ainsi qu’en version radio ou courants porteurs. Ces deux derniers modes de communication facilitent les opérations de réhabilitation en évitant tout tirage de câbles fastidieux et sans pitié pour la décoration intérieure ! Mais l’utilisation de ces technologies sans fil nécessite un émetteur central et d’un récepteur pour chaque corps de chauffe, soit un coût de 70 à 120 € HT prix tarif, par convecteur.
Chez Siemens Building Technologies, le gestionnaire se nomme FL’Pilote. En version filaire habitat neuf, il permet de gérer 1 ou 2 zones, selon trois grilles de programmation figées. « En fixant les plages de programmation, nous avons voulu simplifier l’utilisation du gestionnaire, explique Charles Garbi, en charge de l’offre chez SBT. Le boîtier d’ambiance permet toutefois de déroger au programme en cours. » La version FL’Pilote, dédiée à la rénovation offre, quant à elle la programmation selon 1, 2 ou 3 zones. Sur ce modèle, la programmation reste libre. Le boîtier peut être pris en main, grâce à une liaison radio avec le gestionnaire. Ce dernier est lui-même relié aux différents points de chauffe par radio. « Nous remarquons une forte demande des clients pour des interfaces dotées d’un écran large », ajoute Charles Garbi.


Du coté Hager, l’offre de régulation de chauffage est portée par la marque Flash. Au catalogue : des thermostats électromécaniques (qui représentent encore 30 % des ventes), et électroniques. Ces derniers conviennent aux convecteurs et aux planchers rayonnants électriques. Les programmateurs sont proposés en version analogique ou numérique fil pilote 6 ordres, 1 ou 2 zones. L’offre est complétée par des délesteurs 1, 2, 3 ou 6 voies mono ou triphasés à sortie fil pilote ou contacts secs. « Nos plus importants volumes de vente restent liés aux gestionnaires d’énergie, pour lesquels l’intérêt ne fléchit pas malgré la fin de l’attribution des primes par EDF », précise Patrick Henry, chef de marché « automatismes et systèmes » chez Hager. Conçus pour les chantiers neufs, ces gestionnaires filaires se déclinent avec Pilotec Eco (version 1 ou 2 zones) doté de 2 boutons et de voyants, avec un thermostat programmable et Pilotec Confort doté d’un large afficheur rétro-éclairé. « Pour la rénovation, un programmateur radio 1, 2 ou 3 zones permet de piloter les convecteurs équipés d’un boîtier récepteur relié à chaque fil pilote. »

 

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Programmer la température de confort directement sur l’émetteur
(au lieu d’agir sur une molette graduée)
est une démarche encore rare chez les fabricants.

Tout comme ses confrères, Schneider Electric propose plusieurs solutions de régulation allant du thermostat électromécanique (plus de 50 % des ventes !) jusqu’au gestionnaire d’énergie électronique, en passant par les thermostats électroniques manuels ou programmables. « Le convecteur à fil pilote reste encore le concept le plus couramment mis en œuvre. Les PAC relèvent encore de marchés de niche, lance Jérôme Révol-Tissot, chef de produits température et gestion de l’énergie chez Schneider Electric. Actuellement, on estime qu’un thermostat programmable sur deux ne fait l’objet d’aucune modification des réglages d’usine par l’utilisateur ! Le plus utilisé reste le bouton de passage entre les modes éco / normal. Il est donc important de mettre en place des systèmes de programmation plus simples. Car la vraie difficulté réside à l’interface avec l’utilisateur. » Alors comment passer outre l’utilisateur ? « Nous proposons des thermostats électroniques qui embarquent une fonction d’auto apprentissage. Ainsi, le système de programmation apprend les habitudes des occupants sur une période donnée, puis passe en mode automatique en mettant en pratique son apprentissage. Cette technologie n’est encore qu’à ses débuts ! »


Theben dispose d’un gestionnaire simple à comprendre pour toute la famille : trois programmes type préenregistrés, laissant cependant la possibilité de déroger manuellement. En alternative, il existe toutefois au catalogue un gestionnaire permettant de construire le programme à la carte.


Chez Legrand, le gestionnaire de chauffage s’intègre à la famille de commandes et d’appareillage Céliane, avec un écran rétro-éclairé de 60 mm de diagonale (un gros progrès de l’interface par rapport à l’ancienne offre Sagane). Il permet de piloter les émetteurs muraux, un plancher ou un plafond chauffant électrique (avec un thermostat filaire dans la pièce concernée). La gestion du chauffe-eau comme le délestage des circuits sont directement intégrés. En plus de la programmation du cycle horaire sur une semaine, le gestionnaire dispose de 2 touches supplémentaires agissant par zone : l’une pour une mise hors gel ou réduit, pour 1 à 30 jours d’absence, l’autre pour forcer en semaine une température confort de 6 h-22 h (touche « enfant malade »).


Intégration domotique
« La tendance est à l’intégration des différents environnements domotiques, dont la régulation et la programmation du chauffage, dans une même interface murale », souligne Pierre Delaunay, responsable marketing produits chez Delta Dore. Chez le spécialiste de la communication radio, il est question surtout d’interopérabilité et de convergence fonctionnelle. Par exemple, contact en feuillure, transmetteur d’alarme utilisé pour agir sur le chauffage à distance, détecteur de mouvement déclenchant à la fois l’éclairage et le chauffage d’une pièce... sont autant de potentiels « intégrés » permettant d’agir sur le confort et sur la consommation d’énergie. « Quant à la convergence au sein d’une interface commune multi applications, nous serons en mesure de présenter une solution au début du second semestre 2008 ! » En attendant, Delta Dore propose son gestionnaire mural Starbox, capable de piloter à la fois 8 zones de chauffage et 4 automatismes au choix dans la maison.

 

Chez Hager, Thebis n’a pas encore réellement adopté une solution de chauffage électrique intégrée. Il est toutefois possible d’utiliser une sortie à contact sec émulée sous le protocole de communication Konnex, afin de piloter un mode réduit ou de lancer un ordre groupé (scénario) en partant de chez soi. « Nous travaillons pourtant à la sortie d’un gestionnaire d’énergie Konnex intégré à l’offre Thebis, tempère Patrick Henry. Mais nous disposons déjà d’une offre intégrée opérationnelle pour le chauffage central, hors PAC. Il s’agit par exemple d’une gestion avec un thermostat d’ambiance dans chaque pièce et des têtes de robinets thermostatiques motorisées via une liaison filaire Konnex. Le contrôleur d’ambiance à afficheur digital gère les scénarii. » Il existe aussi dans la famille Thebis un actionneur dédié au pilotage des vannes électrothermiques en charge de la régulation pièce par pièce des planchers chauffants hydrauliques.


Avec In One, Legrand déploie sa stratégie sur courants porteurs pour gérer jusqu’à 16 zones selon les 6 ordres, sans oublier la possibilité de paramétrer des scénarii en lien avec d’autres fonctions automatisées de l’habitat ou d’envoyer des ordres à distance avec le module Axiophone IP.

 

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Tendance générale : l'écran de pilotage du confort thermique devient de plus en plus large.
Objectif : faciliter la compréhension et la programmation des fonction horaires et des niveaux de confort.



Intelligence et performance énergétique
Outre le fait de « découper » la marche du système de chauffage en plages horaires suivant l’occupation et selon plusieurs zones, le système de programmation apporte aujourd’hui de nouvelles fonctionnalités.
Il remarque par exemple de façon automatique l’ouverture prolongée d’une porte ou d’une fenêtre, sans pour autant nécessiter des contacts en feuillure. « Le thermostat Thedeo peut détecter une brusque chute de température suivant un cycle de 10 minutes. Dans ce cas, il passe en mode hors gel, remarque Maeva Bardy chez Hora. Une fonction qui prend tout son sens lorsqu’on oublie de fermer une fenêtre, ouverte pour aérer une pièce. »


Autre façon de réduire la facture énergétique : le chauffage électrique par accumulation. « La régulation du système Eltherm Confort permet de gérer à la fois l’installation à accumulation placée dans les pièces de jour, soit environ 50 % de la puissance de chauffage, et les convecteurs disposés dans les chambres selon des priorités de fonctionnement, précise Gérard Jacobi, responsable de la promotion des ventes chez Stiebel Eltron. Cette régulation a pour avantage de diminuer la puissance de l’abonnement et d’utiliser l’énergie en période creuse. » La régulation Eltherm Confort joue avec les possibilités de délestage des radiateurs à accumulation : neuf étages de délestage par corps de chauffe (système à charge flottante) permettent de laisser la priorité d’alimentation à l’eau chaude sanitaire ainsi qu’aux autres applications électro-domestiques. « Le système à accumulation fait l’objet d’une double régulation : de jour, il prend en compte la température extérieure en temps réel, en revanche, pendant les heures creuses, l’accumulation s’effectue en fonction d’une moyenne glissante de la température extérieure sur 24 heures. Par ailleurs, plus il fait froid à l’extérieur, plus la température du corps de chauffe sera élevée, afin d’accroître la part de rayonnement, en parallèle de la turbine de circulation d’air. »

 

A vouloir trop faire d’économies, attention à ne pas sacrifier certaines précautions de base. Par exemple, on évitera de délester un chauffe-eau électrique. Car l’eau doit rester... chaude afin de rester saine. Dans le ballon, une température de 60°C au minimum est recommandée à ce sujet. Les gestionnaires d’énergie intègrent généralement ce paramètre.

 

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Le développement du contrôleur logique auprès des électriciens
passent par la formation ou l’auto-formation. Schneider, comme d’autres fabricants,
propose à cet effet des kits de découverte pour guider pas à pas un novice
de la logique paramétrée, voire programmée.


Les progrès des émetteurs muraux

Sur les grands chantiers, les émetteurs muraux électriques (convecteurs, panneaux rayonnants et radiateurs) gardent encore une place de choix, même si le marché du « rayonnant » diminue. Ces 10 dernières années, la régulation des émetteurs a gagné en précision : de +/-1°C (voire plus), ils sont passés à +/-0,1°C pour les meilleurs. L’émetteur fonctionne alors par plages successives. Accroissement du confort et économies d’énergie en sont les 2 principaux bénéfices. Attention toutefois aux dérives dans le temps des régulateurs : « Bien que la précision soit aujourd’hui maîtrisée, on voit encore très peu de régulations affichées en température, souligne Marc Berton du Groupe Muller (marques Noirot, Applimo, Airelec, Campa...). Nous proposons déjà ce concept renfermant un algorithme assez pointu, sur des corps en fonte dotés d’une façade rayonnante. L’utilisateur n’a plus qu’à afficher la température souhaitée. »
Depuis le « grille-pain » totalement dénué d’inertie, les fabricants ont mis sur le marché des solutions, avec ou sans fluide, qui tendent à procurer un confort proche du celui du chauffage central. Chez Noirot, le Kalidoo agit sur la température grâce à une double régulation : une résistance noyée dans la fonte (600 W) et un film rayonnant dynamique en façade (400 W). Ainsi, le régulateur embarqué module la puissance sur la façade seule ou sur la façade et dans le corps.
Les émetteurs sont aussi capables d’assurer la régulation des zones entre eux, à l’aide de cassettes de programmation, par courants porteurs, radio ou fil pilote (liaison des fils pilote par zone dans le tableau de répartition). Par courants porteurs, une cassette émettrice dialogue avec 1 à 20 cassettes réceptrices selon plusieurs zones. La solution radio fonctionne selon le même principe pour 1 à 3 zones.


La PAC prend des parts de marché

La pompe à chaleur a le vent en poupe : la progression annuelle s’affiche à deux chiffres. Elle prend des parts de marché sur les chaudières (ou parfois en complément), mais aussi sur le chauffage
à effet joule ! « Les pompes à chaleur, mais aussi les chaudières à condensation et le chauffage central basse température induisent un marché en pleine mutation », lance Thierry Leroy, directeur marketing chez Theben France. Dans les constructions neuves, la PAC apparaît de plus en plus souvent, incitée par les mesures fiscales (crédit d’impôt) et par les 5 niveaux du label Promotelec Performance (HPE, HPE-EnR, THP, THPE-EnR et BBC). Ces PAC sont de type air/air (sans circuit hydraulique) ou air/eau, eau/eau, c’est-à-dire qu’elles puisent leur énergie à l’extérieur dans l’air ou dans l’eau, et la restitue à l’intérieur par soufflage ou sur un circuit hydraulique. Les PAC ne sont généralement pas seules pour assurer les besoins de chauffage. Les modèles sur circuit hydraulique sont dotés d’un appoint par résistance électrique dans un ballon tampon ou interviennent en relève d’une chaudière (fioul ou gaz). Dans d’autres cas, en maison individuelle, la PAC assure le chauffage du rez-de-chaussée, tandis qu’un chauffage électrique traditionnel équipe les chambres à l’étage. Cette situation fait appel à un mode de régulation particulier. Mais ce n’est pas tout, la PAC peut remplir plusieurs fonctions, greffées sur le même circuit : chauffage, eau chaude sanitaire, chauffage de l’eau de la piscine... D’où le besoin parfois d’une régulation appropriée. L’affaire de la PAC concerne alors le plombier, mais aussi l’électricien ! D’ailleurs, les PAC air/air ne font pas intervenir de circuit hydraulique. Cette famille de pompes, pratique en situation de rénovation, peut très bien être installée par un électricien seul.

 

« Aujourd’hui, le paysage de la pompe à chaleur est encore relativement large et hétérogène. Face à cela, il est encore difficile de trouver des gestionnaires d’énergie pouvant répondre à tous les cas de figure. Leur conception reste complexe », avoue Pierre Delaunay. Il est vrai que la régulation concerne la température ambiante (1ère  boucle), la température du circuit hydraulique (2eme  boucle) et le fonctionnement de la PAC selon un cycle approprié (3eme  boucle).

 

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L’interface utilisateur doit être adaptée aux capacités de programmation des occupants.
Il ne faut donc pas négliger les régulateurs limités en fonctions, mais simples d’approche.

Dans tous les cas, une pompe à chaleur ne se régule pas comme un simple radiateur. Elle nécessite des cycles de fonctionnement longs, afin d’éviter à la fois les démarrages trop nombreux, d’accroître la longévité des pièces en mouvement et d’augmenter le coefficient de performance (COP). L’adjonction d’un ballon tampon peut faciliter l’allongement du cycle.    
Autre possibilité : utiliser une PAC avec un compresseur à vitesse variable. L’offre « Inverter » s’élargit de mois en mois. « A ce sujet, des développements sont en cours chez Atlantic », précise Sébastien Richard, chef de produit PAC.


Ainsi, la vitesse du compresseur Inverter est régulée en fonction d’une loi d’eau. La loi d’eau permet de modifier le point de réglage de la température de sortie d’eau du kit hydraulique en fonction de la température extérieure. « Lorsque la température demandée est atteinte, la fréquence du compresseur décroît et la consommation d’énergie se réduit. Lorsque la température de l’eau baisse, la fréquence du compresseur augmente de nouveau », explique Jérôme Besançon, en charge du marketing produits chauffage chez Daikin.
La surface d’échange thermique des émetteurs statiques doit être plus importante que dans le cas d’une installation classique de chauffage central, car la température de l’eau en sortie de PAC est inférieure à celle produite par une chaudière, et le COP est optimisé à basse température.


Élargissement de l’offre vers les PAC

A l’occasion du salon Interclima+Elec, Hora lancera une offre de plancher rayonnant hydraulique pour raccordement à une PAC. L’innovation ? Elle se trouve notamment au niveau du collecteur. Celui-ci pourra être simple (pour branchement sur une PAC) ou autonome et doté d’une résistance, d’un vase d’expansion et d’un circulateur. « En utilisant ce collecteur, une personne qui fait construire une maison pourra différer l’investissement dans une PAC ! »


Chez Siemens Building Technologies, l’offre de régulation pour pompes à chaleur revient sur le devant de la scène « Il est toutefois possible de piloter une PAC avec de l’appareillage standard auquel on adjoint des relais de commutation ou des thermostats tout ou rien, mais nous avons choisi de présenter un système dédié », remarque Bernard Guillemain, responsable produits régulation chauffage PAC chez SBT. Le régulateur RVS43 assure la gestion des priorités de marche et d’arrêt de la PAC et de la chaudière, en fonction des besoins. Il enclenche une chaudière en relève si les conditions atmosphériques deviennent trop critiques. Si la fonction s’avère nécessaire, le régulateur peut piloter un ballon d’eau chaude sanitaire avec action directe sur la pompe de charge. Dans certains cas et si elle existe, il agit sur la vanne de régulation selon l’utilisation PAC /chaudière en relève. Le régulateur RVS43 peut également piloter un deuxième circuit de chauffage avec des réglages indépendants. Et pour les PAC à vitesse variable ? « Il s’agit d’un autre type de commande pour lequel nous devrions bientôt proposer une nouvelle version du régulateur qui pourra également gérer le couplage avec un chauffe-eau solaire individuel », ajoute Bernard Guillemain. Enfin, le régulateur RVS43 permet d’inverser le cycle de régulation afin de bénéficier du rafraîchissement en été avec une installation de type  plancher  chauffant/rafraîchissant  et  PAC  réversible. « Entre deux saisons, lors du basculement du mode chaud au mode froid, le régulateur respecte un arrêt de marche de 72 heures, pour éviter toute dégradation de la PAC. »

 

Pour sa part, Hager ne présente pas encore de solution pour réguler et gérer les PAC. « Mais nous y travaillons, de façon à intégrer le pilotage des pompes à chaleur et des systèmes mettant en œuvre les
énergies renouvelables, dans le cadre du système Thebis », souligne Patrick Henry, chef de marché automatismes et systèmes Hager.

 

Chez Schneider : en 2009, devrait apparaître au catalogue une offre de thermostats capables de commander des circuits hydrauliques pièce par pièce, en agissant sur des vannes. Dédiée à la maintenance et à la rénovation, l’offre s’adressera aux spécialistes du domaine et aux électriciens tournés vers ce marché.


Les fabricants de pompes à chaleur proposent eux aussi des systèmes de régulation (tout au moins de la PAC elle-même), mais pas toujours  en  phase  avec  les  protocoles  standardisés  du  marché.
« Actuellement, nous n’avons pas de passerelles entre notre protocole propriétaire et les protocoles standards. Cela nécessite encore une adaptation, précise Jérôme Besançon, chez Daikin, et cette ouverture devrait être opérationnelle à l’avenir ! »


Du coté Theben, l’offre Ramses intègre des solutions de régulation pour PAC et chaudières en relève de PAC. « Mais nous devons faire évoluer le concept, notamment par rapport à l’interface utilisateur et à la régulation anti court-cycle. Pour l’instant, il faut que l’installateur maîtrise bien les réglages en adéquation avec l’installation, dans le sens où la régulation ne dispose pas encore de “garde-fou” », explique Thierry Leroy, directeur marketing.


Le groupe Muller met lui aussi les pieds dans la PAC air/eau et eau/eau, essentiellement pour les planchers chauffants, en s’appuyant sur l’expérience de France Energie, spécialiste de la PAC grand tertiaire rachetée en 2006. Les développements concernent la rénovation en relève de chaudières et les PAC seules avec appoint électrique intégré, le tout avec plusieurs circuits (chauffage, ECS, piscine...). Et la régulation ? « Elle sera assurée par un pilote hydrau-électronique gérant les différents départs, avec un ballon tampon et une résistance électrique d’appoint », souligne Marc Berton. Cette volonté de développer le marché de la PAC et des chauffe-eau solaires sera présentée en février 2008 sur le salon Interclima+Elec.

 

Eberlé Controls, spécialiste du thermostat d’ambiance, répond actuellement à une forte demande des fabricants de PAC et de climatiseurs.

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En rénovation, la gestion des émetteurs par fil pilote est rarement possible.
Les technologies de commande par radio ou courants porteurs facilitent la mise en œuvre...
L'émetteur central communique avec autant de récepteurs que de corps de chauffe
(ici grâce à une technologie radio)

 

« En parallèle des pompes à chaleur se développe une tendance à la régulation pièce par pièce, ajoute François Paquin, responsable des ventes indirectes France chez Eberlé Controls, en décrivant son système radio 4, 6 ou 8 zones. La régulation tend également vers une offre de plus en plus intégrée comprenant la gestion de la PAC et des circuits de distribution, et des cartes électroniques spécifiques pour la relève de chaudière. » Pour répondre à la demande, un thermostat 1 consigne à 2 étages avec contacts secs est revenu au catalogue : enclenchement de la PAC, puis de la chaudière si la consigne intérieure n’est pas atteinte. Rappelons qu’Eberlé Controls se développe actuellement dans les réseaux de la distribution électrique.
Bien que la plupart des offreurs se lance à l’assaut des PAC, l’offre de régulation / programmation dans ce domaine est loin d’être stabilisée. Il n’est pas évident pour les spécialistes de la régulation d’être en adéquation avec les systèmes de PAC européens, et semble-t-il encore plus difficilement avec les PAC asiatiques. Tout est question de compatibilité !


Petits et grands « plus »
En concevant son thermostat pour plancher chauffant électrique, Hora a pensé aux installateurs : « Ce thermostat dispose d’un programme de première mise en température de la dalle. Ainsi, pendant le séchage de la dalle, d’une durée de 5 à 10 jours, le thermostat augmente chaque jour la température de chauffe jusqu’à atteindre 22 °C. L’installateur n’est plus obligé de venir quotidiennement sur le chantier pour effectuer manuellement cette opération ! » Flash propose aussi cette fonctionnalité sur ses thermostats électroniques pour PRE.
Toujours chez Hora, le thermostat Thedeo pour plancher chauffant permet à l’utilisateur de choisir non seulement la température d’ambiance, mais aussi la température mini et maxi du plancher.
Tendance forte : l’installation d’indicateurs de consommation pour aider les utilisateurs à comprendre et à réduire leur facture d’énergie. « Nous en vendons de plus en plus, capables d’afficher les valeurs en € ou en kWh », remarque Pierre Delaunay chez Delta Dore. Chez Siemens Building Technologies, l’indicateur de consommation est directement intégré dans le gestionnaire d’énergie. Même remarque pour Flash avec l’indicateur Ecotec, intégrant les données tarifaires via l’offre Tempo d’EDF.


Disponible chez la plupart des offreurs, l’interface de commande téléphonique remporte surtout un franc succès pour les chantiers en résidences secondaires. « Cette fonction plaît beaucoup aux clients qui malheureusement ne sont pas assez informés. Les installateurs ne communiquent pas assez à ce sujet », regrette Charles Garbi chez SBT. L’offre de modem universel proposée par Siemens permet de gérer indifféremment un chauffage électrique ou une installation de chauffage central. Le programmateur fil pilote de Legrand offre 3 zones à câbler : jour, nuit et salle de bains. « La salle de bains est de plus en plus souvent pilotée à part, car elle fait l’objet d’une utilisation différente des zones jour / nuit », explique Thierry Sanz, responsable marketing produits division appareillage.


Les émetteurs muraux haut de gamme du groupe Muller permettent de détecter un taux de marche élevé relatif à un fonctionnement anormal, de même qu’ils s’autorégulent si, par exemple, ils sont mal placés (cas de l’émetteur à côté d’une porte). De plus, quelques minutes après détection d’une chute brutale de température, ces émetteurs se mettent automatiquement en veille.

 


Ça bouge pour la profession !
Régulation et programmation sont deux paramètres qui font de plus en plus la différence entre les offres d’équipements. La technologie par fil pilote s’accompagne d’offres de communication radio et par courtant porteur, de plus en plus simple à mettre en œuvre... aux yeux des non-électriciens ! Un danger pour les spécialistes de l’électricité ? « L’électricien doit acquérir des compétences de “plombier”, s’il ne veut pas rester uniquement sur le marché du chauffage à effet joule », lance Pierre Delaunay, en charge du marketing produits chez Delta Dore. D’un autre côté, le déploiement des pompes à chaleur sur le marché de l’habitat concerne l’électricien à plusieurs titres. Tout d’abord pour alimenter la PAC, un circuit de puissance est nécessaire ainsi que les protections adéquates dans le tableau. Dans le cadre d’une rénovation, c’est peut-être une occasion de mettre aux normes l’installation électrique. D’ailleurs, pour une PAC de forte puissance, le passage en triphasé est parfois incontournable. Quoi qu’il en soit, l’électricien doit s’intéresser de près aux systèmes de pompes à chaleur ainsi qu’à la VMC, ventilation mécanique contrôlée, dont certaines offres à double flux se couplent à présent aux PAC...


 

 

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