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 Le Point sur - Mars-Avril 2022

Systèmes anti-intrusion : l’image devient centrale


EM131 ouv le point surParmi les systèmes courants faibles qui irriguent les bâtiments, les solutions anti-intrusion prennent une part de marché en progression régulière. Équipement à l’origine très pointu et spécialisé, l’alarme s’est divisée en deux branches : d’un côté la solution radio clé en main prête à installer et à la portée de tout professionnel de l’électricité, de l’autre, le système nécessitant une touche d’intégration plus ou moins profonde, avec d’autres fonctionnalités et systèmes en place. L’alarme anti-intrusion reflète parfaitement l’image de la maison connectée ou de l’espace tertiaire d’aujourd’hui.

Principale tendance en cours : le lien ou la fusion avec des capacités de capture d’image pour analyse immédiate ou ultérieure. L’image, qu’elle soit photo ou vidéo, répond à un besoin croissant de la part des occupants : rester en connexion avec leur lieu de vie, afin de lever le moindre doute si d’aventure un avis de détection leur était transmis. Pour le petit tertiaire, la levée de doute est encore plus précieuse et évite bien des déplacements inutiles. Plus largement, l’image renseigne sur la posture à adopter ou sur les choix à faire en cas d’intrusion ou de sinistre. Dans ce contexte, la vidéo devient le catalyseur d’un rapprochement entre les différentes problématiques liées à la sécurité d’un local : intrusion, incendie, mais aussi mise en sécurité dans le cadre d’une intrusion malveillante en période d’exploitation (Plan particulier de mise en sûreté – PPMS).
Les systèmes de sécurité anti-intrusion assurent la protection des biens et des personnes en utilisant aujourd’hui des technologies de communication d’une grande ergonomie au travers de nos interfaces numériques. Cette communication doit cependant résister à l’épreuve des cyber-attaques et, pour cela, rester l’affaire de fabricants experts des systèmes de sécurité et de professionnels de l’installation, bien conscients des risques aujourd’hui encourus.


Édito - Anitec : anti-intrusion, vidéo-surveillance et contrôle d’accès se rejoignent

EM131 Edito Arnaud BROUQUIEREn matière de solutions anti-intrusion, l’Anitec (Alliance nationale des intégrateurs de technologies) préconise l’analyse des risques et des besoins. Cette première étape s’avère indispensable afin de pouvoir apporter une garantie d’efficacité au client. Dans cette dynamique, nous recommandons aux entreprises d’intégration d’obtenir une qualification Qualifelec avec mention « Sûreté » ou bien d’acquérir une certification Apsad via le CNPP. Une telle certification permet de distinguer les enjeux autour de la vidéo-surveillance, du contrôle d’accès, de l’alarme anti-intrusion et, plus généralement, de la cybersécurité, qui intervient de façon transversale. Car aujourd’hui, il n’est plus possible d’opérer dans le domaine de l’anti-intrusion sans prendre en compte la notion de cybersécurité !
Cette description pose les bases du métier d’intégrateur, qui doit par ailleurs s’assurer que le matériel sélectionné pour chaque projet dispose bien des certifications appropriées. En effet, une part importante de notre mission est d’assurer la sécurité par la conception même de l’installation et le choix approprié de ses composants. Cela s’effectue en lien avec les besoins du client et sa façon d’assurer l’exploitation. C’est là notre valeur ajoutée, sur mesure, tout en nous appuyant, lorsque cela est nécessaire, sur des bureaux d’études spécialisés.


Partage d’expérience et travail en commun

« La commission Sûreté-sécurité de l’Anitec est ouverte à tous nos adhérents. Très accessibles, les réunions se déroulent toutes en visioconférence. L’Alliance fonctionne selon un mode coopératif et constructif efficace. »
Si toutes les réunions de groupes de travail ont lieu en visioconférence, l’Anitec organisera toutefois son assemblée générale à Paris en mode présentiel, le 1er décembre 2022. Au programme : assemblée générale, colloque, tables rondes et ateliers sur le thème « smart technologies ».



Aujourd’hui, un système d’alarme anti-intrusion existe de moins en moins seul. Les fonctionnalités du contrôle d’accès et de la vidéo-surveillance lui sont adjointes dans bien des cas, et pas uniquement pour de grands projets. À cela s’ajoute la couche de supervision, voire d’hypervision lorsqu’il s’agit d’un projet multisites. Sur le marché, il n’existe pas à ce jour de fabricants capables de proposer une offre globale. Et même si cela était le cas, la diversité des projets nécessite une phase de choix appropriée et d’intégration de chaque fonction, sans parler du mélange entre les solutions radio et filaires, pour rendre le tout facilement exploitable par le client final.
Dans ce domaine où règne le numérique, de nouveaux outils commencent à poindre, afin d’apporter une aide complémentaire à l’exploitation. Je pense en particulier à l’intelligence artificielle, avec l’arrivée sur le marché de systèmes anti-intrusion qui évoluent par auto-apprentissage pour venir en aide à l’exploitant ou encore à l’usage de drones, capables en extérieur d’assurer automatiquement une mission vidéo de lever de doute, à la suite du déclenchement d’un capteur…
Plus largement, le lot courants faibles, que l’on peut aussi appeler « smart technologies » a pris une place prépondérante, à tel point qu’il représente pour certains projets un volume supérieur à celui des courants forts. D’où l’importance de la notion d’intégration des systèmes.
Rappelons que l’Anitec cultive à la fois une expertise sur des points précis tels que la sûreté et la sécurité, tout en portant un regard global sur la partie technique du smart building.
Regroupant près de 300 adhérents, elle travaille en liaison étroite avec la Fédération française des intégrateurs électriciens (FFIE), qui représente près de 7 000 entreprises sur l’ensemble du territoire, notamment autour des sujets relatifs à la sûreté, à la sécurité, aux télécommunications ou encore à la digitalisation des espaces.

Arnaud Brouquier, président de l’Anitec


Urmet : en interaction avec la maison connectée

EM131 LPS URMETNada Fahes, chef de marché résidentiel et smarthome : « Ces dernières années, en France, le marché des systèmes anti-intrusion marquait une croissance régulière de 2,6 % par an. Cependant, depuis le début de la crise sanitaire, la demande s’est atténuée, car les habitants sont plus souvent chez eux. Des études montrent toutefois un redémarrage en 2022 et 2023. »
Dans le secteur résidentiel et le petit tertiaire, la technologie radio l’emporte sur les installations filaires. La situation inverse est observée dans le grand tertiaire. En matière de transmission à distance, la technologie RTC est en fin de vie. Elle laisse la place à l’IP et aux transmetteurs GSM avec, la plupart du temps, des systèmes radio qui comprennent les deux possibilités.

Immédiatement opérationnelle
Chez Urmet, l’alarme anti-intrusion Zéno comprend l’ensemble des composants de base : le clavier, la sirène, la télécommande, un bouton « panique » et une carte SIM prépayée pour un an. « La capacité native à transmettre les données permet d’équiper les résidences secondaires non connectées par réseau filaire, mais aussi les logements neufs qui ne disposent pas encore d’accès Internet. Ainsi, l’alarme est opérationnelle dès le premier jour de sa mise en service ! Elle peut envoyer tout de suite alerte, e-mail et photos de levée de doute. »

Lien fort avec les caméras et la domotique
« De plus en plus d’occupants recherchent un système anti-intrusion en lien avec une solution de vidéosurveillance et avec les fonctions de la maison connectée. Lancé en 2020, le système anti-intrusion Zéno d’Urmet permet de s’interfacer avec les caméras de vidéosurveillance Urmet, mais aussi de communiquer avec l’écosystème Yokis. L’application Yno de Yokis permet d’ailleurs de piloter les différentes fonctions des caméras Urmet et de l’alarme Zéno. Et si une alarme est activée, elle peut déclencher un scénario Yokis. L’application Yno informe par ailleurs l’utilisateur grâce à des retours d’état de l’alarme et de ses détecteurs, de la même façon que pour les différents équipements Yokis. »


Eaton : la fusion des systèmes par l’image

EM131 LePointSur EATONAlain Kalfon, chef de produits et responsable développement de l’offre Scantronic chez Eaton : « Le marché des systèmes anti-intrusion était historiquement une affaire de spécialistes. En 2009, à la demande d’un distributeur national, nous sommes entrés dans la distribution électrique généraliste. Depuis, nous accompagnons les électriciens autour des questions de sécurité du bâtiment sous la forme de conseil, de formation et de support. Eaton se positionne sur la sécurité globale du bâtiment. »

Centrales connectées sous IP
Une des tendances actuelles concerne la transmission des informations. Couramment utilisée jusqu’alors, la technologie RTC va progressivement disparaître. Reste la solution GSM ou encore la solution Internet Protocole (IP) via une liaison RJ45 vers une box locale. Cela induit un véritable marché du remplacement des solutions de transmission RTC et 2G. « Depuis trois ans, toutes nos alarmes sont connectables sous IP. De fait, elles sont prêtes pour une transmission d’informations sur le cloud. Demain, ces informations seront à disposition des installateurs afin d’avoir un aperçu global de l’état du système et de pouvoir assurer un support en ligne. »

La sécurité des personnes prend une place prépondérante
Concernant le dispositif réglementaire que constitue le plan particulier de mise en sûreté (PPMS), notamment dans les établissements scolaires, la sécurité des personnes prend une place de plus en plus importante. Dans ce contexte le système d’alarme anti-intrusion devient légitime pour porter les fonctions appropriées. Il s’agit par exemple d’installer une fonction « appel agression » localement audible ou pas.
« Dans le secteur résidentiel, la pratique du home jacking place également la sécurité des personnes à un niveau élevé. Cela entraîne une scénarisation de la sécurité extérieure. »

Fusion entre vidéo, intrusion et incendie
Avec l’IP et les nouvelles capacités offertes par la vidéo, Eaton fait évoluer son offre Scantronic vers la fusion entre systèmes vidéo (norme Onvif), intrusion et incendie : « À la fin de 2022, nous devrions proposer une solution capable d’assurer des sélections d’images sur événement avec des caméras de partenaires tiers, dans le cadre de solutions Scantronic pour petites ou grandes installations neuves ou existantes. »


Comelit inclut la vidéoprotection à travers l’intrusion  et les générateurs de fumée

EM131 LPS COMELITSébastien André, responsable du département sécurité chez Comelit : « Au service des applications dans l’habitat comme dans le petit tertiaire, la tendance est à une simplification de la programmation et de l’exploitation des systèmes d’alarme. Les systèmes deviennent ainsi accessibles à une clientèle plus large. »

Levée de doute en images
Du côté des fonctionnalités, la notion d’image gagne du terrain : l’intégration d’un appareil photo ou d’une caméra capable de délivrer un flux vidéo stable de qualité permet d’envoyer en temps réel des images à l’exploitant. Celles-ci rassurent et contribuent à lever rapidement un éventuel déclenchement intempestif. Comelit propose des caméras de 4 à 5 millions de pixels avec éclairage infrarouge intégré, délivrant jusqu’à 25 images par seconde. Les caméras embarquent une intelligence capable de déclencher un contact NO/NF sur détection d’un visage ou lecture d’une plaque d’immatriculation. « Chez Comelit, il est donc question de sécurité active. Les simples détecteurs de mouvement font place, pour certains, à des caméras sur IP. Autonomes, les caméras assurent elles-mêmes le stockage d’images. Les composants de vidéoprotection et d’alarme anti-intrusion sont reliés entre eux de façon filaire. Ils sont par ailleurs accessibles sur une même application avec la famille interphonie/vidéophonie. »

Des possibilités d’intégration encore peu connues
« Dans l’habitat, une installation anti-intrusion sur dix met en œuvre un lien actif avec la vidéoprotection. Dans le tertiaire, cette tendance couvre trois installations sur dix. Ces nouvelles possibilités ne sont pas encore assez connues. »
En plus de l’image, les systèmes anti-intrusion peuvent comprendre un micro et un haut-parleur pour communiquer et envoyer un message audio, ou encore un flash stroboscopique afin de désorienter l’éventuel intrus. Il est aussi question d’éclairage dynamique en pilotant les luminaires en place, voire de générateurs de fumée.

L’attrait des générateurs de fumée
Du côté des nouveautés pour la solution anti-intrusion résidentiel Securhub de Comelit, inclut une carte SD capable d’enregistrer le flux vidéo produit par quatre caméras pendant une semaine. Pour le secteur tertiaire, le système Vedo peut recevoir un générateur de fumée Comelit pour protéger une pièce de 100 m3. En cas de double déclenchement (par deux capteurs distincts), une épaisse fumée neutre remplie le local en moins de trente secondes. De quoi dissuader l’intrus de ses intentions initiales. « Les générateurs de fumées répondent actuellement à une forte demande en Italie ! » 


En savoir plus :
www.comelitgroup.com
www.eaton.com/fr
www.urmet.fr
www.yokis.fr

Réalisé par Michel Laurent

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