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Dossier - Juin-Juillet 2013

Vidéosurveillance : une compétence de plus pour l’électricien


Denis Castanet, membre d’IGNES (Groupement des industries du génie numérique énergétique et sécuritaire).Edito

"Vidéosurveillance : électriciens, bienvenue dans l’ère de l’image !"

La vidéosurveillance est une activité connexe à l’activité courant faible particulièrement attractive.
En effet, ce marché bénéficie depuis plusieurs années d’un fort engagement de l’EtatÉtat et des collectivités pour le développer et  répond à un besoin grandissant, autant de la part des grandes infrastructures sensibles, des grands sièges de compagnies internationales, que de la part des petites et moyennes entreprises de sécuriser leurs locaux et leur s environnement en profitant de la valeur ajoutée d’une solution de vidéo.
De ce fait, le marché enregistre des croissances à deux chiffres depuis de nombreuses années, et doit en toute logique continuer à se développer à un rythme très élevé.
Actuellement, le marché est partagé à parts quasiment égales entre la technologie analogique fortement standardisée et la technologie IP qui permet d’apporter de la différenciation et de la valeur ajoutée clé aux clients finaux.
Avec l’arrivée des technologies IP et notamment l’explosion de la Haute Définition qui permet d’apporter une qualité d’image exceptionnelle y compris dans des conditions de prises de vue complexes, le marché bénéficie de plus d’une véritable rupture technologique.
À la standardisation des réseaux s’ajoutent l’arrivée de vraies solutions « plug and play » qui ouvrent de nouvelles perspectives, notamment pour les non spécialistes des réseaux, et leur permet d’élargir leur champ de compétence.
IGNES note aussi une interconnexion toujours croissante des solutions de courant faible (vidéo, automatisation du bâtiment, contrôle d’accès, alarme) entre elles.
Le marché de la vidéosurveillance ouvre aussi de nombreuses opportunités impactant l’activité des installateurs, du fait de la nécessité de maintenir à jour des matériels toujours évolutifs et donc permet aux installateurs de se positionner avec une offre à valeur ajoutée de maintenance.

 

Denis Castanet,
membre d’IGNES (Groupement des industries du génie numérique énergétique et sécuritaire).


Vidéosurveillance : une compétence de plus pour l’électricien


À l’heure où les marchés de la sécurisation des bureaux et de l’habitat affichent une forte croissance (mais faut-il uniquement s’en réjouir ?), les offres de systèmes de vidéosurveillance s’élargissent avec des solutions de kits clé en main et surtout avec la technologie IP. Le monde de l’image, couplé à celui de la sécurité, demande un minimum de connaissances dédiées. L’attention du professionnel doit surtout être portée sur la définition du cahier des charges en amont du projet !

 

Urmet CaptivDepuis environ une décennie, la vidéosurveillance vit une révolution : celle des réseaux locaux de type LAN à très haut débit. Cette faculté à rendre plus fluide l’information a plus récemment été décuplée par l’Internet mobile. En effet, les enregistreurs sont dorénavant aptes à communiquer l’imagerie sur un réseau numérique, que les échanges avec les caméras en amont s’effectuent en numérique ou de façon analogique. Quasiment tous les enregistreurs du marché permettent aujourd’hui de tisser un lien avec un Smartphone. Un responsable de maintenance connecté en Wifi pourra ainsi intervenir dans le cas d’une alarme technique. L’équipe de sécurité pourra lever un doute suite au déclenchement d’une alarme incendie ou intrusion… Le gérant d’un commerce pourra à distance observer la fréquentation en temps réel pour éventuellement faire intervenir plus ou moins d’agents de caisse. Ces quelques exemples montrent à quel point la technologie évolue et ouvre de nouvelles perspectives. Entre analogique et numérique, dimensionnement approprié et optimisation des enregistrements, c’est un marché porteur qui s’offre à l’électricien…

 


D’abord se former !
Alain Girard, formateur indépendant : « Dans le domaine de la vidéosurveillance, il est capital que l’installateur et son client utilisateur maîtrisent un minimum les bases indispensables. Fort de cette formation, l’installateur peut alors poser les bonnes questions à son client et l’aider à formaliser un vrai cahier des charges. Première interrogation à laquelle répondre : « Pourquoi le client veut-il réaliser une installation de vidéosurveillance ? ».
Ensuite, il convient de dimensionner le projet en relation avec les attentes réelles. Car la caméra universelle n’existe pas ! Déceler la présence de véhicules sur un parking la nuit et lire des plaques d’immatriculation, ne mettront pas en jeu les mêmes équipements ! D’où l’importance pour l’installateur de bien connaître le champ des possibilités offertes par la technologie pour mieux en parler à son client et éviter les déceptions après réalisation.
Dans la pratique, de nombreux utilisateurs sont juste capables de relire une vidéo en mémoire sur l’enregistreur. Ce n’est pas normal. À ce titre, une ou deux heures de formation réalisées,  par exemple, par l’installateur ou par un technicien agréé par le fabricant au moment de la réception de l’équipement, permet de maîtriser les bases de l’exploitation du système. Accompagnée ainsi, l’utilisation des produits est plus évidente. »


 

 

Caméras analogiques : « plug & play »
Bien qu’il s’accapare une sérieuse part de marché en matière de vidéosurveillance, l’Internet Protocol (IP) n’a pas encore enterré le monde analogique qui, lui aussi, a su évoluer. La liaison câblée jusqu’à l’enregistreur, sur câble coaxial de qualité, permet par exemple de couvrir des distances de plusieurs centaines de mètres, lorsque la liaison IP n’offre que 100 m de distance sur du câble Cat. 5 ! Or, à chaque caméra correspond une liaison filaire jusqu’à l’enregistreur. D’où l’importance de placer celui-ci en position centrale. Autre différence : l’analogique reste par définition une solution « plug & play ». Et chaque caméra connectée à l’enregistreur se règle de façon relativement intuitive et aucune compétence réseau n’est requise pour ce faire.

 

IP : installation facile mais paramétrage complexe
Alors que la caméra analogique nécessite un lien filaire dédié jusqu’à l’enregistreur, la caméra IP peut bénéficier, quant à elle, des optimisations de câblage réseau offertes par les produits actifs tels que les switchs. Dans le cas d’une surveillance sur un site étendu, les caméras pourront être regroupées via un câblage en étoile autour de plusieurs switchs. Chaque switch étant relié à l’enregistreur ou à la baie de brassage avec un seul lien. Pour qui installe des réseaux de câbles à paires torsadées et des connexions type RJ45, la manœuvre s’avère facile. Le cas de la caméra dôme motorisée donne l’avantage à l’IP, avec la possibilité de grouper 3 fonctions sur le même câble à paires torsadées : transfert des flux vidéo, alimentation PoE (Power over Ethernet) et pilotage de la caméra. Trois câbles qui seront en revanche distincts pour piloter une caméra dôme analogique.
Urmet CaptivToutefois, avec l’IP, le dimensionnement du réseau ne doit pas être pris à la légère. Car en fonction des caractéristiques des caméras et de la qualité de l’image attendue par l’exploitant, il faut éviter tout goulot d’étranglement et assurer le passage des débits. À ce titre, il convient d’ajouter que la qualité de l’image est souvent à l’avantage des caméras IP. Une raison de plus pour soigner le réseau… Rappelons qu’entre un flux vidéo de faible qualité et un flux d’images de haute définition, il peut exister un rapport de 15 à 20 ! Pour cette raison, nombre d’acteurs recommandent de séparer le réseau IP dédié aux caméras de celui consacré au réseau d’entreprise. L’avantage : éviter tout risque de saturation en cas de forte activité d’une application. Ce type de conception nécessite cependant l’ajout d’éléments actifs et accroît le coût de l’application. « Nous recommandons à ce titre de recourir à une vraie prestation de dimensionnement du réseau en amont », déclare Pierre-Antoine Person, responsable marketing communication chez Urmet Captiv.
Point délicat de l’IP : le paramétrage. Relativement facile pour un petit réseau de quelques caméras, il peut rapidement devenir complexe lorsqu’il s’agit de gérer plusieurs dizaines de caméras. Les adeptes de la gestion de réseaux informatiques et des méandres de l’Internet Protocol sauront pourtant s’y retrouver. Mais ce domaine demeure toutefois un peu moins séduisant pour l’installateur électricien. D’où la nécessité de travailler avec l’équipe technique du fabricant de caméras ou avec un partenaire intégrateur rodé à cet exercice. Il reste aussi la possibilité de se former pour acquérir une totale et précieuse autonomie. « Le duo entre électricien et technicien spécialisé en réseaux permet de gagner en efficacité, explique Alain Girard, formateur indépendant. Parfois, la technologie analogique est préférée car elle reste du ressort des services généraux et des équipes de maintenance générale. La gestion du réseau tombe en revanche dans le domaine de compétence des services informatiques… C’est en amont un choix stratégique qui n’est pas que technique, il faut le savoir ! »  

 

em61 doss Tableau

 

Power over Ethernet : l’alimentation en moins
La technologie PoE permet avantageusement d’alimenter un produit actif connecté via Internet Protocol, simplement en utilisant une des paires torsadées du câble. L’énergie est injectée sur la paire torsadée au niveau d’un switch spécifique et arrive sur le produit via la connexion RJ45. La plupart des caméras IP du marché sont aujourd’hui aptes à bénéficier du PoE. Seule limite, la puissance électrique consommée par la caméra et la longueur de la liaison. Sur les distances les plus grandes (100 m), il convient de vérifier les capacités de transmission de la paire torsadée et éventuellement d’installer des câbles pourvus de fils de cuivre d’un diamètre légèrement supérieur, capables de faire transiter la puissance en limitant les pertes liées à la résistivité des brins.

 


Le métier s’étend …… aux installateurs électriciens
Pierre-Antoine Person, responsable marketing communication chez Urmet Captiv : « L’installateur très spécialisé en courants faibles et l’intégrateur ne sont plus les seuls à mettre en œuvre la vidéosurveillance. Elle se développe largement et arrive avec des offres IP et analogiques de plus en plus étoffées, dans le domaine professionnel comme chez les particuliers. D’où l’attrait pour les installateurs. Suivant les choix technologiques, le métier fait appel à de nouvelles compétences : la notion d’atténuation du signal pour l’analogique ou de paramétrage pour l’IP. »
Afin de se poser les bonnes questions lors du choix d’un équipement (cahier des charges connu), Urmet Captiv vient de lancer un configurateur dédié permettant d’accompagner l’installateur vers les bons équipements : www.cctvfacile.fr



Un marché équilibré
PanasonicLe marché français fait état actuellement de chiffres d’affaires équilibrée entre les solutions analogiques et numériques. Cet équilibre traduit toutefois la vente d’un plus grand nombre de caméras analogiques, car moins coûteuses que les caméras IP.
« Nous sommes actuellement en phase de basculement du marché, souligne Pierre-Antoine Person. Car les compétences IP se démocratisent et les surcoûts tendent à se réduire. Le prix d’un système sur IP reste toutefois supérieur de 25 à 30 % comparativement à l’équivalent analogique. »  

Quelles caméras et pour quoi faire ?
Axis communicationSurveiller, détecter, reconnaître ou identifier ? Voilà autant de missions de vidéosurveillance pour lesquelles il est utile de choisir la caméra et l’objectif aux caractéristiques adaptées.
Un des enjeux de la vidéosurveillance n’est autre que la qualité des images. Pour cela, les capacités de la caméra, de l’objectif, mais aussi les performances en débit du réseau IP sont capitales.
Cinq missions types permettent d’orienter le choix des caméras :
• assurer la prévention et la dissuasion ;
• effectuer la levée de doute ;
• aider à l’intervention ;
• réaliser (a posteriori) des investigations pour une meilleure compréhension ;
• aider à la gestion de flux (personnes, véhicules…).
Une fois ces missions déterminées, il convient d’optimiser le placement des caméras. Distance entre caméra et sujet, passage en revue des points d’accrochage possibles et détermination de ce que le client souhaite percevoir, contribuent à déterminer la bonne focale.
« Intervient ensuite la notion d’analyse de l’environnement. Il n’est pas rare de devoir traiter des problèmes de contre-jour, qu’il soit lié au rayonnement du soleil aux différentes heures de la journée, ou aux éclairages perturbateurs et phares de voiture, explique Pierre-Antoine Person. Pour cela, les caméras analogiques et IP intègrent des solutions de prétraitement d’image appropriées et de fonctions de compensation de tâches lumineuses… »
Pour une caméra utilisée de nuit, il est indispensable de prévoir un éclairage infrarouge intégré à la caméra ou additionnel pour éclairer des zones plus éloignées.
D’autres aspects à prendre en considération dans le choix sont l’indice de protection (IPXX) et la robustesse, notamment au regard des risques de vandalisme.

 


Déclaration auprès de la CNIL et de la Préfecture
La vidéosurveillance touche directement à la vie privée de chaque individu pouvant être filmé. À ce titre, des textes réglementent le placement des caméras et l’utilisation des images enregistrées.
Première notion à considérer : l’accès « ouvert » ou « fermé » de l’espace au public. Installer un système de vidéosurveillance dans un espace ouvert au public nécessitera de déposer une demande d’autorisation préalable auprès de la préfecture en précisant sur le formulaire en question le cas de figure retenu et la qualité d’image envisagée. L’espace fermé au public nécessite seulement de procéder à une déclaration auprès de la CNIL qui pourra vérifier les aspects relevant du respect de la vie privée et la cohérence de l’installation avec le but déclaré.
Cette notion d’espace « ouvert » ou « fermé » au public reste délicate à cerner. Par exemple, un hall d’immeuble en accès libre sera qualifié d’espace ouvert. Ce même hall, accessible via un système de contrôle d’accès, devient un espace fermé au public. Nuance…
À ces considérations, s’ajoutent des textes spécifiques issus du Code du travail.


 

 

Le choix de l’enregistreur
LogitronikPremière question à se poser : « De quelle fréquence d’images ai-je besoin réellement ? » Il est certain qu’à 25 images par seconde, la qualité de la vidéo sera assurée, mais il faudra pour cela un disque dur de stockage d’une capacité adaptée. « La question peut alors être posée différemment, souligne Alain Girard. Il s’agit alors de régler la fréquence de capture afin d’être certain de voir une personne traverser le champ de la caméra. En d’autres termes, la fréquence sera plus élevée pour capter le passage d’un individu dans un champ étroit. Cet exemple montre aussi que la fréquence de capture des images pourra être optimisée caméra par caméra. Ce réglage s’effectue en général au niveau de l’enregistreur. »


CanonOptimiser la taille du stockage (mais est-il vraiment nécessaire pour l’application visée d’enregistrer les données ?), c’est aussi jouer d’astuces pour n’enregistrer que les images porteuses d’informations utiles. D’où le mariage entre caméra et détection de mouvement. Dans ce cas, le système est alors capable d’analyser les changements de contraste et d’enclencher l’enregistrement. Cela nécessite toutefois un éclairement minimum et constant du champ visé. Le concept trouve pourtant ses limites en extérieur à cause de la pluie, des phares de voitures ou de la présence d’insectes gravitant autour de la caméra. Un capteur de présence pourra aussi induire le pointage d’une caméra dôme sur une zone donnée. À ce niveau, le mariage entre capteurs et caméras offre d’importantes possibilités d’optimisation.


Grunding - Asset SecurityDe son coté, le traitement d’images a réalisé d’énormes progrès ces dernières années. Les enregistreurs sont alors capables d’indiquer les plages d’enregistrement porteuses d’informations. De quoi permettre d’analyser et de visionner en allant à l’essentiel, une heure de vidéo en… 1 minute !
La reconnaissance faciale fait également l’objet de progrès. À ce stade de l’analyse d’images, il s’agit généralement d’ordinateurs puissants capables de réaliser une analyse poussée. Le traitement d’images introduit aussi d’autres fonctions telles que la détection d’ajout ou de retrait d’objets. Cette aptitude d’analyse pourra, par exemple, être utile à la détection de colis suspects ou à la mise en évidence de vols dans les musées.

 

Les Atouts...

 

Quelle convergence  avec les autres métiers de la sécurité ?
SiemensPremier point de convergence : le rapprochement entre vidéosurveillance et contrôle d’accès. Relativement courante, cette intégration des deux fonctions permet la levée de doute. Par exemple, lorsqu’une personne se présente à une porte munie de son badge, le gardien dispose à distance de moyens pour vérifier s’il s’agit bien de la personne titulaire de l’autorisation d’accès en comparant les images de sa base de données avec la vidéo.
Dans l’habitat individuel, la convergence avec un système de portier vidéo donne toute latitude pour ajouter quelques caméras sans paramétrage. La vidéosurveillance devient alors partie intégrante du contrôle d’accès.
Enfin, des liens existent également depuis longtemps avec le monde de l’alarme où les caméras sont connectées avec la centrale. Elles permettent de réaliser des levées de doute, c’est-à-dire de confirmer la réalité d’une détection.

Michel Laurent

 

Sites Internet des fabricants cités dans le tableau - Liste non exhaustive.
AASSET SECURITY
AXIS COMMUNICATIONS
BOSCH VIDEO
CANON        ­
CBC COMPUTAR
FUJIFILM        
GIGAMEDIA
IPURE
LOGITRONIK
PANASONIC VIDEO    
SIEMENS
URA
URMET CAPTIV

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