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 Dossier - Avril 2011

 Photovoltaïque : une offre toujours plus standardisée


Jean-Claude GUILLOT, Président de la FFIEEdito

"Nous croyons  en l’avenir  du photovoltaïque"

Il y aurait beaucoup de choses à dire sur le photovoltaïque. Et la situation dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui ne devrait surprendre personne. On ne peut lancer un marché sur des bases aussi anti-économiques et s’étonner ensuite qu’une bulle fut créée, et qu’un jour elle explose.
Je crois qu’il ne sert à rien d’en rajouter sur l’aventurisme réglementaire de ces deux derniers mois...
Cela crée de vraies difficultés pour de nombreuses entreprises, certaines, ayant misé par trop sur ce marché, se trouvent désormais en grandes difficultés.
Le seul aspect positif est qu’aujourd’hui nous devrions bénéficier d’un marché plus durable.
Et nous savons qu’à partir de 2020, avec les bâtiments à énergie positive, le photovoltaïque pourra retrouver une seconde jeunesse.
C’est en tout cas ce que nous préparons au sein de la FFIE, et plus largement au sein du GMPV(1) avec l’ensemble des intervenants du bâtiment concernés.
Si nous avons contribué à créer ce nouveau syndicat, c’est bien que nous croyons en l’avenir du photovoltaïque. Nous le faisons en espérant que les erreurs de ces dernières années ne se renouvellent pas. Pour cela, nous militons pour qu’au moins deux conditions soient réunies :
- reconnaître la qualité nécessaire des entreprises qui doivent intervenir et ne plus laisser le champ libre aux seuls « offreurs d’avantages fiscaux » ;
- relancer l’autoconsommation afin que le développement de ce marché ne soit pas contraint, limité par l’état des réseaux de distribution.
Conscient des difficultés qui nous attendent à court terme, je reste résolument optimiste sur les perspectives à moyen terme d’un tel marché. Et je crois que si les conditions dont je viens de parler se trouvaient réunies, la transition jusqu’à l’échéance 2020 permettrait de maintenir un volume de marché acceptable.
Je pourrais d’ailleurs ajouter que ce qui vaut pour le photovoltaïque en particulier, vaut également pour l’ensemble des marchés de l’installation électrique : les difficultés actuelles ne doivent pas faire oublier que l’avenir sera électrique. Forcément.

Jean-Claude GUILLOT,
Président de la FFIE

(1) Groupement des Métiers du Photovoltaïque

 


 Photovoltaïque : une offre toujours plus standardisée


Le marché gagne en maturité. Les offres des fabricants se structurent et tendent pour certaines vers la couverture complète du besoin. Une tendance : la mesure des paramètres de production électricité, indispensable à l’optimisation de l’investissement.
Après la douche froide consécutive au moratoire, l’année 2011 devrait pourtant confirmer la solide tendance au développement du secteur photovoltaïque.

 

Malgré les incertitudes liées aux nouveaux cadres de la régulation tarifaire (voir Réglementation, p. 32), les entreprises de la filière électrique organisent leur catalogue d’offre, l’étoffe, propose des services. Certaines entreprises vont jusqu’à créer une division ou une marque spécifique.
Depuis février 2011, CAE-Groupe a organisé son offre de câbles et connecteurs photovoltaïques sous une nouvelle ligne de produits baptisée Oranka. En parallèle de CAE-Groupe, l’entité française Solinq, directement rattachée à la Holding TKH-Group, se charge de diffuser l’offre globale produits et services dans l’hexagone (mais aussi en Allemagne, Grande-Bretagne, Maroc, Italie et Chine). Objectif : les projets jusqu’à 100 kW.
CAE Groupe« Solinq devient une marque mondiale regroupant produits et services dédiés au secteur photovoltaïque, explique Valérie-Claire Hoyau, en charge du projet Solinq chez CAE-Groupe. Pour son déploiement, nous nous appuyons en France sur le bureau d’études EnR Concept. Ce partenaire spécialisé dans la bio-climatique nous permet de donner une légitimité à l’offre Solinq dès la phase d’étude des projets, pour des solutions intégrées ou non. »
Solinq propose ainsi une offre de composants comprenant des onduleurs de marques Power One, Sungrow et Platinum. Des coffrets de protection et de coupure AC et DC, ainsi que des solutions de coupure d’urgence sont réalisés par le tableautier Technideal, sur la base de composants General Electric. En France, Solinq intègre également l’offre de câbles et de connecteurs courant continu spécifiques aux installations photovoltaïques. « Nous travaillons par ailleurs sur une solution de coupure d’urgence directement opérationnelle au dos des panneaux, dont le lancement est prévu mi-2011 », ajoute Valérie-Claire Hoyau. Et concernant les panneaux ? « Il s’agit de capteurs UTT Solar, une société suisse dont le site de fabrication est basé en Chine et chez qui nous sommes en permanence présents pour assurer un suivi qualité. »
Solinq propose aussi un système de web monitoring et de suivi de production à distance de chez Solar Log, avec une possibilité de contractualisation via l’installateur. Pour les sites isolés, il est possible d’y adjoindre une solution de vidéosurveillance. L’ensemble des produits de l’entité Solinq bénéficie d’une garantie de 20 ans. Enfin, dans chaque pays Solinq compte d’ici 2 ans mettre en place un réseau d’une dizaine de partenaires installateurs de moyenne envergure. En France, 3 entreprises d’installation sont déjà agréées, dont l’installateur pilote de Solinq Pôle Eco Energie.


Depuis un an, Nexans regroupe sa gamme de produits et services dédiés au marché solaire photovoltaïque sous la marque ombrelle Keylios.
NexansAu-delà des câbles Energyflex, l’offre Keylios (contraction de Key et de Hélios) intègre aujourd’hui une douzaine de familles de produits tels que les coffrets de raccordement pour le marché du résidentiel, les câbles de raccordement des modules à la terre, les câbles de transmission de données (pour monitoring et tracking)... Et aussi une palette de services : de simulation afin d’optimiser l’architecture électrique des installations photovoltaïques, service d’analyse de cycle de vie, ACV, (détermination de l’empreinte carbone des câbles) et service de monitoring des données via une passerelle Internet vers un serveur centralisé pour informer et alerter l’exploitant.


Chez ABB, bien que l’offre soit étendue à l’ensemble des projets photovoltaïques, le marché français est principalement résidentiel. « Notre présence sur le segment des centrales au sol prend une part de plus en plus grande malgré les nouvelles conditions d’achat d’électricité, lance Remi Heidelberger, chef produits pour le marché photovoltaïque ABB France. Depuis un an, nous disposons d’une force de vente et de prescription en charge de proposer des solutions complètes, de l’onduleur au poste de livraison, en passant par l’ensemble des organes de protection et de coupure. Nos vendeurs sont actifs auprès des acteurs du secteur résidentiel et auprès des intégrateurs. »


Riello a pour sa part créé une division dédiée baptisée Aros Solar Technology, active depuis le 1er janvier 2011.
Enfin, depuis 2009, Socomec a constitué une division Socomec Solar, placée sous la direction de Denis Salée : « Avant 10 ans, cette division réalisera 30 % du chiffre d’affaires de Socomec. »

 

Tableau des offres non exhaustif

 

Des câbles spécifiques et certifiés
Les connecteurs et les câbles pour courant continu ne représentent que 3 % du coût total d’un système solaire photovoltaïque en toiture, selon Prysmian. Il est cependant capital d’intégrer des équipements capables de résister à de fortes températures, aux UV, aux intempéries et surtout au temps. Car la durée de vie d’une installation atteint environ 25 ans. Chez Nexans, la marque Keylios comprend l’offre de câbles photovoltaïques Energyflex (0,6 /1 kV) reliant les panneaux entre eux et aux onduleurs. « Les câbles Energyflex certifiés LCIE, TÜV, IMQ, UL, CSA, ou encore TÜV & UL, répondent ainsi aux différents besoins du marché mondial» précise Remy Le Fur, responsable marketing énergies renouvelables pour le groupe Nexans. « Pour le marché français nos câbles Energyflex transportant le courant continu des modules vers l’onduleur sont conformes aux recommandations du guide UTE C 32-502 concernant les câbles destinés à être utilisés dans les installations photovoltaïques. Depuis, ce guide a été introduit dans le guide pratique des installations photovoltaïques UTE C 15-712-1. »
WeidmullerFace aux multiples certifications nationales, Remy Le Fur évoque la perspective d’une norme européenne sur les câbles photovoltaïques. Un projet qui pourrait aboutir à un horizon de 4 à 5 ans. Coté connecteurs, en complément des gammes MC3 et MC4 de Multi-Contact et du Sunclix de Phoenix Contact, Weidmuller lance le WM4, également non-démontable sans outils.

 

 


Améliorer le rendement de production
L’encrassement des panneaux photovoltaïques peut altérer le niveau de production d’électricité. C’est pourquoi il est nécessaire de régulièrement nettoyer la surface insolée. À ce titre, Klauke propose un produit liquide (Shiny Solar de Raytech) à pulvériser sur les panneaux pour faciliter le nettoyage, le dégraissage et protéger la surface, notamment des accumulations de pollens (effet anti-statique). Les dépôts de pollution, de suie, les déjections, les graisses, le calcaire et les résidus cristallisés sont plus facilement éliminés. « De quoi éviter une perte de rendement pouvant, dans certains cas, atteindre 25 % de la puissance », souligne Stéphane Weiten, responsable marketing de Klauke.


 

Protection et coupure au cœur de l’installation
EatonEst-il encore nécessaire de préciser à quel point le choix des composants de protection et de coupure aussi bien AC que DC est primordial ? En témoigne la problématique de coupure d’urgence coté AC et DC introduite par le guide UTE C 15-712-1, afin de couper les alimentations électriques en cas d’apparition d’un danger inattendu. Ces dispositifs ne peuvent pas être à semi-conducteur et ne doivent pas intégrer l’onduleur. Il s’agit d’interrupteurs, de disjoncteurs ou de contacteurs qui doivent être facilement identifiables et rapidement accessibles. Actuellement, le guide UTE laisse une large zone de manœuvre possible et pour sa part, la sous-direction de la prévention du risque au sein de la direction de la sécurité civile n’a pas encore précisément réglementé le sujet. De fait, la plupart des fabricants (tels que ABB, Legrand, Schneider Electric...) propose une « coupure pompier » réalisée à partir de composants existants de leur catalogue. Eaton, qui dispose d’une offre de coupure d’urgence par interrupteur-sectionneur (récompensée par un Eneo d’Or sur le salon lyonnais en février dernier), travaille actuellement à un système de coupure d’urgence électromécanique pour le tertiaire, encore plus proche des panneaux.


ABBConcernant les coffrets de protection et de coupure coté AC, ABB a récemment introduit en série des disjoncteurs différentiels immunisés contre les déclenchements intempestifs. Par ailleurs, le calibre est passé de 16 A à 20 A. Coté DC, Tmax PV un interrupteur-sectionneur spécifique 1 000 V en boîtier moulé, permet de gérer de fortes puissances (jusqu’à 1 600 A).


LegrandLegrand aborde la protection et la coupure avec des coffrets AC et DC distincts, mais aussi des coffrets regroupant (tout en assurant une séparation physique) les composants pour courant alternatif et continu. Un kit proposé sous une seule référence “prêt à poser”. Et pour l’arrêt d’urgence ? « Nous avons fait le choix d’attendre les prochaines évolutions réglementaires pour proposer une offre standard », ajoute Jacques Duval, responsable marketing photovoltaïque monde. Et Fabienne Herault, responsable marketing résidentiel France d’ajouter : « En complément de l’offre 600 et 800 V AC, nous généralisons actuellement les composants de coupure et de protection 1 000 V. »


Phœnix Contact propose des coffrets assemblés directement sur le site de production, bénéficiant d’un test d’isolement systématique.


DehnDehn a pour sa part développé un logiciel d’aide à la sélection des parafoudres répondant aux exigences des guides UTE C 15712-1 et 61740-52 (présence obligatoire de parafoudres côtés AC et DC, sauf spécification contraire sur la base d’un calcul d’évaluation des risques...). « Dehn PV Tool est susceptible de fournir une analyse de risque simplifiée, explique Régis Reeb, responsable marketing et support technique. Il définit les conditions d’obligations et de recommandations de mise en œuvre des parafoudres AC et DC conformes aux normes et guides français en vigueur. Enfin, il préconise des solutions et leurs localisations. »


Chez Weidmuller, dont l’offre catalogue photovoltaïque atteint une centaine de références, la sortie toute récente d’un parafoudre AC 600 V permet de mieux répondre aux besoins du marché domestique, notamment dans le cadre des coffrets Microgénération (1 à 4 chaînes jusqu’à 36 kW).

 

Mesure et supervision
De façon indéniable, la mesure des paramètres de production et leur supervision devient un réflexe pour les exploitants, à la recherche d’une optimisation de leurs investissements. L’offre dans ce domaine s’élargit avec des solutions propriétaires liées à l’onduleur ou relativement ouvertes sous Ethernet ou Modbus.
Phoenix ContactChez Phœnix Contact, l’astucieux dispositif de mesure modulaire 8 voies Solarcheck (chacun des 8 fils traverse le module) s’allie à un concentrateur d’une capacité de 64 chaînes. Sous Modbus, jusqu’à 31 de ces concentrateurs peuvent être associés. « L’ensemble se combine avec nos automatismes modulaires de supervision et de contrôle », précise Fabien Poulard, responsable marketing.


Module de mesure de tension sur le panneau et d’intensité de la chaîne, Transclinics IP67 de Weidmüller communique par radio vers un récepteur en charge de transmettre les données sur Modbus RTU. Egalement sous Modbus, la version IP20 à intégrer en coffret DC (mesure I et U) délivre également la température interne du coffret. Weidmüller complète le tout par un logiciel de monitoring universel (pour données délivrées sous Modbus). « Nous pensons proposer un monitoring directement au niveau du boîtier de raccordement des panneaux, annonce Vincent Fievet, responsable marchés. À ce même niveau, on peut aussi imaginer, car c’est en cours de R&D chez Weidmüller, une coupure d’urgence électromécanique. »

 


Le point sur la réglementation
Mersen © Michel LaurentVoici quelques rappels de points réglementaires qui rythment aujourd’hui la mise en œuvre et l’exploitation d’une installation photovoltaïque :
* Décret n° 2010-301 du 22 mars 2010 - Il étend aux systèmes électriques photovoltaïques l’obligation d’attestation de conformité prévue à l’origine pour les installations électriques neuves ou rénovées (Consuel).
* UTE C 15-712-1 de juillet 2010 - Le guide pratique « Installations photovoltaïques raccordées au réseau public de distribution » est applicable depuis le 1er janvier 2011.
* En cours de préparation : UTE C 15-712-2 - guide pratique dédié aux installations photovoltaïques autonomes.
* UTE C 32-502 de novembre 2008 - Le « Guide pour les câbles utilisés pour les systèmes photovoltaïques » donne les prescriptions des différents types de câbles destinés à être utilisés dans les installations photovoltaïques.
* CEI 60269-6 - Fusibles basse tension. Partie 6 : exigences supplémentaires concernant les éléments de remplacement utilisés pour la protection des systèmes d’énergie solaire photovoltaïque. « Sortie fin 2010, cette norme avait toutefois été prise en compte par anticipation dans le guide UTE C 15-712-1, précise Emmanuelle Delcambre, responsable marketing produits chez Mersen. Ainsi, nos fusibles type gPV protègent les modules photovoltaïques contre les courants inverses avec un courant de coupure minimum excessivement bas pour assurer la sécurité dans une installation où les courants de défauts sont très faibles. »
Les textes réglementaires sur le nouveau cadre de régulation du photovoltaïque ont été publiés au J.O. du 5 mars 2011 (voir Réglementation page 12 de l'extrait du N°43).


 

Les accessoires indispensables
L’offre HellermannTyton comprend des solutions de fixation, de protection et d’identification des câbles. Son savoir-faire ? « S’appuyer sur des solutions éprouvées dans d’autres secteurs d’activité tels que l’automobile ou l’aéronautique et y adjoindre les matériaux capables de résister aux ambiances extérieures, explique Thibault Nativelle, responsable marketing. Actuellement, nous sommes surtout sollicités pour la fixation et l’identification des câbles. » HellermannTyton souhaite également introduire sur le marché du photovoltaïque sur gaine de protection jusqu’à IP69K, initialement conçues pour l’industrie et déjà appliquée aux installations éoliennes.

Michel Laurent

 

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