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 Dossier -Mai 2014

Le petit monde des chemins de câbles


em68 edito N de L HamaideEdito

« Les chemins de câbles, produits phares du Cable Management System »

Le syndicat professionnel Ignes rassemble plusieurs métiers concourant à l’installation électrique dans le bâtiment : appareils d’installation électrique et domotique, sécurité électronique, éclairage de sécurité, Cable Management System (ou CMS). Le CMS, qui rassemble les produits de protection et support du câblage, se décline en trois gammes : les conduits (gaines et tubes de protection des câbles), les profilés (plinthes, moulures, goulottes, colonnes et colonnettes), les chemins de câbles et échelles à câbles. Ces derniers se retrouvent principalement dans les bâtiments professionnels (constructions industrielles, infrastructures, gares et tunnels, ports, aéroports, ouvrages d’art, tertiaire commercial…).
Le métier du chemin de câble peut apparaître comme relativement simple : il est en fait complexe, mariant compétences techniques (mécanique, anticorrosion, électrique, électromagnétique, esthétique…) et compétences logistiques au service de la sécurité et de la productivité des installateurs électriciens et des installations électriques.
Les chemins de câbles et échelles à câbles se déclinent en solutions technologiques : fil et tôle perforée, tôle pleine, échelles, produits isolants. Les cheminements de câbles sont formés d’un système complet de sections (cheminement, couvercle, éclisse), d’accessoires (éléments de raccordement) et de supportages pour raccorder au bâti (pendards, consoles…). Ils sont fabriqués à partir d’exécutions métalliques (tôle prégalvanisée, chemins de câbles galvanisés après fabrication, acier inoxydable, alliage d’aluminium) et non métalliques (matière plastique ou composite à base de polyester renforcé de fibres de verre).
Quant aux fabricants de chemins de câbles, ils ont en général deux origines : des groupes généralistes d’équipement de matériel électrique, ou bien des professionnels pure players du métier de cheminement de câbles.
Le marché européen, qui pèse environ un milliard d’euros, est relativement stable depuis quatre ans. Quant au marché français, il atteint environ cent millions d’euros et marque un tassement en valeur depuis deux ans.
Le métier CMS du syndicat professionnel Ignes rassemble en France la grande majorité des acteurs de la profession du « Chemin de câble » : Gewiss-Mavil, Legrand Cable Management System, Niedax France et Unex.
Le marché des chemins de câbles se combine autour des partenaires distributeurs de matériel électrique et des installateurs électriciens. Dans de nombreux cas, les chemins de câbles sont prescrits par les utilisateurs finaux ou ensembliers (bureaux d’études, EPC Engineering Procurement Construction). On peut citer Technip, Areva, EDF, ADP…
Le métier CMS au sein d’Ignes travaille actuellement sur trois enjeux principaux : d’une part l’actualisation de la normalisation (normes produits, normes installations, réglementations européenne et française), telle que la mise à jour de la norme internationale de chemins de câbles et échelles à câbles CEI 61 537, les travaux d’évolution des normes d’installation NF C 14 100 (installations avant comptage) et NF C 15 100 (installation aval comptage). D’autre part, la promotion de produits, systèmes et services de qualité identifiable : le métier CMS a mis à disposition en 2013 une plaquette de présentation détaillée de l’offre CMS et incite ses adhérents à retenir le modèle de format de données numériques au standard Etim international. Ce standard permettra de fluidifier l’information et d’augmenter la productivité dans l’e-business déployé avec les distributeurs. Enfin, troisième enjeu, le développement du marché en tenant compte des enjeux du bâtiment durable : à cet égard, le CMS a été l’un des premiers acteurs à définir un référentiel pour mesurer et maîtriser les caractéristiques environnementales des produits de cheminement de câble et fournir aux clients des données objectives et comparables au format PEP éco-passeport : les éco-déclarations peuvent être consultées sur le site de l’association : www.pep-ecopassport.org

Nicolas de l’HAMAIDE
président du métier Cable Management System au sein d’Ignes

 


Le petit monde des chemins de câbles


Le cheminement des câbles dans les environnements industriels, les infrastructures, gares et tunnels, ports et aéroports, mais aussi dans les parties communes des immeubles d’habitation et les bâtiments tertiaires est assuré par les chemins de câbles. Leur mission : soutenir et protéger les conducteurs. Les constructeurs (Gewiss, Legrand, Niedax, Unex), réunis au sein du syndicat Ignes, représentent à peu près 80 % du marché français (environ 100 M€). S’y ajoutent quelques autres fournisseurs européens, dont OBO Bettermann qui représente 13 % de notre marché.

em68 doss1« Toutes les constructions (habitat individuel, habitat collectif, tertiaire, industriel et infrastructures) sont équipées de réseaux électriques et de réseaux de communication. Ces réseaux sont parcourus par différents types de câbles (câbles de puissance, câbles de communication ou fibre optique) », lit-on dans le guide CMS (Cable Management Systems) publié par le syndicat Ignes, qui précise que « le terme CMS regroupe l’ensemble de goulottes, conduits, chemins de câbles, ainsi que les colonnes de bureaux, équipements de bureaux qui permettent l’acheminement des câbles (énergie et communication) vers les points d’utilisation ».
Force est de constater que le marché compte trois leaders en France : Legrand Cable Management, Niedax et Gewiss. « En Allemagne, Niedax et OBO Bettermann sont à couteaux tirés », estime Samuel Poignant, président de la filiale OBO Bettermann France qui avance un chiffre d’affaires de 16,50 M€.


Un chemin de câbles, c’est quoi au juste ?
em68 doss2Selon Nicolas de l’Hamaide, conseiller de Bruno Reufels, président du groupe Niedax et de Niedax France, « en France, les chemins de câbles ont été introduits par CES dans les années cinquante. À l’époque, on passait du câble rigide (doté d’une armature rigide) au câble souple, doté d’un isolant souple, de sorte qu’il fallait soutenir le câble pour éviter qu’il ne soit pendu en chandelle entre deux supports. Les chantiers navals ont été les premiers à utiliser des chemins de câbles épais (autour de 3 mm), appelés dalles marines. On en est ensuite venu à créer des enveloppes métalliques qui apportent la protection et le support du câble. » Les professionnels appellent encore « dalles » les chemins de câbles en tôle.
Le chemin de câbles intervient très tôt dans la réalisation des ouvrages, juste après le gros œuvre, au tout début du lot électrique. Le Cable Management System, avec ses goulottes, conduits, et autres colonnes de bureaux, peut, lui, intervenir plus tard, après que l’on a tiré les premiers câbles électriques et installé les premières armoires électriques.

Le chemin de câbles métallique
em68 doss3Selon la norme CEI 61537, le chemin de câbles a une fonction mécanique de soutien en sécurité des câbles entre deux points d’appui. C’est un composant passif du système électrique du bâtiment. Il se fait en fil métallique, en tôle (la dalle) perforée ou non, ou sous forme d’échelle à câbles… avec des multiples variantes comme celles de Pflitsch (représenté en France par Euchner) dont une version est destinée au monde automobile : un chemin de câbles avec un couvercle renforcé mécaniquement et antidérapant pour les usines mécaniques où il y a beaucoup d’huile.
« Le marché est caractérisé par des habitudes locales ou nationales, considère Fabrice Boudas, directeur commercial marketing chez Niedax France, on trouve plus d’échelles à câbles en Scandinavie et dans les pays de l’est de l’Europe, des dalles en tôle perforée en Europe du Nord et du chemin de câbles fil, en Europe du Sud. »
Sauf exception, les produits standards ont une longueur de 3 m. Quant aux échelles à câbles servant au maintien des câbles de puissance, avec nécessité de forte ventilation des câbles, elles se font en modèles à longue portée (6 m).
Les métaux constitutifs peuvent être de l’acier galvanisé à chaud en continu ou de l’acier galvanisé à chaud au trempé après fabrication, de l’acier inoxydable (304L, 316L), de l’aluminium.
em68 doss4D’autres matériaux sont aussi utilisés comme le PVC en ambiances corrosives intérieure ou extérieure (ambiances très humides, présence de chlore) ou les matériaux composites (résines renforcées de fibres de verre ou GRP, Glass Reinforced Polyester) utilisés dans les tunnels et en extérieur du fait de leur très bonne tenue aux UV. De plus en cas d’incendie, le composite ne dégage pas de fumées halogénées.
Ils sont prescrits en fonction de l’environnement. Du moins corrosif au plus corrosif, on opte respectivement pour la galvanisation en continu, puis à chaud après fabrication, puis pour l’Inox, l’aluminium, enfin pour le GRP, qui a l’avantage de la légèreté et est capable de résister à des environnements très sévères (en mer, sur les platesformes pétrolières) ou pollués, chimiquement agressifs (présence de chlore dans les piscines). Le choix du matériau est donc dicté par les contraintes environnementales du projet, voire par des celles du prix. Dans un bâtiment tertiaire, il sera généralement fait usage de l’acier galvanisé en continu type Sendzimir ou de l’acier galvanisé à chaud.

Le plastique fait son chemin
em68 doss5« Unex se définit comme le spécialiste des solutions isolantes pour le supportage, la distribution et la fixation des câbles électriques », dit Laurent Courtial, son directeur commercial.
Isolante, la solution Unex apporte un niveau de sécurité indirect en éliminant tout risque de contact indirect et en ne nécessitant aucune mesure de protection complémentaire pour la protection des personnes. « Il existe une immense palette de solutions pour résoudre de nombreux problèmes », poursuit Laurent Courtial pour qui les matières premières à base de PVC permettent aux produits de résister aux environnements difficiles : ils sont certifiés (homologation Gost) pour une température de service allant de -50 °C à +60 °C.
« Il n’y a pas plus simple à mettre en œuvre qu’un chemin de câbles Unex, pense Laurent Courtial. Il se travaille sans outil spécifique. Les découpes ne sont blessantes ni pour les câbles ni pour les opérateurs. De plus, elles ne génèrent pas de particules incandescentes. En fin de chantier, c’est propre, sans résidus métalliques qui pourraient laisser des traces de corrosion en présence d’humidité. »
em68 doss6Pour les suspendre, il est fait usage de pendards, de profilés en forme de U ou de Ω en acier : pour retrouver l’homogénéité de l’offre, ils sont revêtus d’une peinture époxy, ce qui leur confère une grande résistance à la corrosion. Les consoles qui relient ces pendards aux chemins de câbles sont isolantes : on retrouve dès lors tous les bénéfices d’une installation isolante.

À l’ouvrage !
Ce marché se caractérise par un grand nombre de références. « Gewiss gère jusqu’à 5 000 références de produits finis qui se différencient par leur largeur et leur hauteur et par les accessoires associés, notamment les dérivations : virages à plat, montées et descentes… plus les supports qui correspondent chacun à la largeur des produits », dit Romain Barad, chef de marché sur la gamme Mavil.
Plus le produit offre d’espace, plus on peut y mettre de câbles, plus c’est lourd… Le poids est repris par les supports. On choisira donc dans la gamme des supports, ceux réservés aux charges légères (jusqu’à 20 ou 30 kg au niveau du support), aux charges moyennes (jusqu’à 80 ou 90 kg) ou aux charges lourdes (plus de 90 kg).
em68 doss7Le supportage se classe dans deux grandes catégories : d’une part le support mural, d’autre part l’accroche au plafond, suspensions ou pendards, auxquels sont souvent adjointes des consoles pour poser les chemins de câbles en fils ou en tôle. Selon Fabrice Boudas, « le supportage peut aussi comporter des dispositifs d’ajustement pour être adapté aux parois environnantes (voûtes d’un tunnel…) ou offrir des fonctions supplémentaires au simple support des chemins de câbles (support de luminaires…). Enfin, la nature même de l’ouvrage peut obliger à repenser la solution de supportage en liaison avec l’environnement, en prenant en compte par exemple, des contraintes environnementales (sismiques…) sévères. »
La dernière innovation de Gewiss est sortie voici un an : la console de support universel (CSU) dans l’univers des charges légères et moyennes… un produit qui autorise toutes sortes de configurations avec un nombre réduit de références, tout en s’adaptant au panel de charges le plus large possible. C’est un produit compatible avec tous les chemins de câble, tôle ou fil, sans accessoire pour le produit fil. Le produit a même été rendu compatible avec d’autres systèmes de supportage, à base de rails par exemple. Un système de supportage qui permet de traiter 80 % des problèmes posés.
Pour le dessin d’une installation, les fournisseurs ont développé des configurateurs en ligne permettant de trouver la solution qui fonctionne dans tous les cas et qui satisfait des valeurs communément admises : il suffit de répondre à quelques questions pour définir le matériel requis, ses références.

Outillages et accessoires associés
Les accessoires sont préférentiellement multifonction de façon à limiter leur nombre et à faciliter l’installation. Parmi ceux-ci : les éclisses.
Elles sont nécessaires pour associer les chemins de câbles. Différents systèmes d’éclissage sont proposés :
• système traditionnel à boulonner pour réaliser les assemblages. Système basique, le moins cher ;
• systèmes semi-automatiques. La fixation se fait par encliquetage et patte de verrouillage ;
• système d’éclissage tout automatique. L’aboutage de deux longueurs de chemin de câbles se fait au moyen d’éclisses sans outil par simple clipsage : il suffit de positionner les deux longueurs puis, par un système d’accrochage, de mettre bout à bout les deux éléments, tout en garantissant la portée et la charge ;
« Le système FAS (Fast Assembling System) est un système d’ergots pour le verrouillage automatique du chemin de câbles sur les supports », détaille Olivier Le Berre, directeur de la marque Legrand Cable Management. D’après lui, « il peut amener jusqu’à 20 ou 25 % de réduction du temps d’installation, sans prendre en compte la facilité de mise en œuvre ».
Le chemin de câble est pourvu d’un bord droit en version standard. « Sécurité oblige…, commente Olivier Le Berre, un système Cablofil à bord droit et sécurité en fil et tôle permet d’accompagner le câble et d’éviter qu’il s’abîme, tout en autorisant également la protection des personnes. »

Mille développements
em68 doss8Ces produits ne sont donc pas toujours faciles à transporter. « C’est une des raisons qui a incité nos deux marques à inventer, puis à breveter des produits pouvant être conditionnés en longueur de 2 m et susceptibles d’être déployés jusqu’à 4 m par une extension manuelle. Tel est le cas du T-scopic (Tolmega) ou du Flex Tôle (CES), des chemins de câbles auto-éclissables d’usage quotidien », explique Fabrice Boudas.
De son côté, une activité toute nouvelle s’inscrit chez Legrand Cable Management : l’alimentation des équipements. « En partant du principe que l’on a des synergies d’installation, on peut réaliser une installation en chemins de câbles et poursuivre avec des systèmes de dérivation à câbler, raccordements rapides (systèmes pré-équipés), canalisations électriques préfabriquées pour alimenter des lignes d’éclairage, de la force motrice, ou de distribuer de l’énergie en faux planchers pour alimenter les postes de travail. L’avantage des canalisations électriques préfabriquées tient dans leur caractère modulaire reconfigurable avec l’évolution de l’installation », justifie Olivier Le Berre.
D’autre part, un nouveau traitement vient d’être annoncé chez Legrand Cable Management, l’EZ +, qui consiste à appliquer un vernis sur un chemin de câbles électrozingué, ce qui lui confère une résistance au brouillard salin comprise entre l’électrozingué et le galvanisé à chaud.
Les développements sont également applicatifs : « Nous travaillons avec les espaces de vente pour lesquels nous intégrons dans le cheminement du son et de la lumière », nous confie Bruno Pizant, président de Supports Câbles Systèmes. « Nous allons les relier à des totems en intégrant également, à terme, de l’image… Les câbles seront le moins visibles possibles et rendront les espaces plus neutres. Objectif : éviter les problèmes de vandalisme avec le maximum d’esthétique possible. »
Autre développement remarqué : un système en tôle dédié aux datacenters. C’est la gamme P31 OFT (Optic Fiber Tray, chemin de câble à fibres optiques) de Legrand Cable Management. L’ensemble des accessoires développés permet d’épanouir correctement les faisceaux et de respecter les rayons de courbure imposés par la norme d’installation. De multiples accessoires sont prévus pour satisfaire ces exigences.

Il est temps de choisir un chemin de câbles
em68 doss9Pour le client, quand il s’agit de s’engager, il est toujours rassurant de trouver une organisation et une structure commerciale professionnelles offrant une bonne assise financière. Certes, les petites entreprises sont fragiles financièrement et soumises aux aléas économiques du marché. Ainsi, Acroba a récemment disparu du marché français.
Au-delà des critères financiers, les critères de choix sont aussi techniques et liés à l’application : en sortie de transformateur, avec des câbles de grosses sections, l’échelle à câbles est de rigueur. Sur les circuits secondaires, après les tableaux divisionnaires, on trouve plutôt de la dalle perforée ou de la dalle fil, le choix entre ces deux technologies peut se faire selon l’environnement, lorsque le fil n’apporte pas toute la protection mécanique, voire la compatibilité électromagnétique nécessaire au câble électrique. On préfère alors utiliser une dalle, quitte à la fermer par un couvercle pour former une cage de Faraday. « Bien que les usages soient maintenant généralisés, un professionnel aura plutôt tendance à conseiller de la tôle perforée pour les circuits de communication, alors que le fil peut être préféré pour des circuits de puissance », avance Fabrice Boudas.
em68 doss10Les normes, ou leur absence, jouent également un rôle non négligeable. Par exemple, en France, dans les tunnels, est mise en œuvre la technologie fil pour le cheminement des câbles. « Mais en Allemagne, la norme DIN 4102 de tenue au feu associe le chemin de câbles au câble pour résister au feu pendant une durée déterminée, note Fabrice Boudas. Ce type d’essai n’existe pas en France. Si l’on exigeait l’application de la norme DIN dans les tunnels, on se tournerait vraisemblablement vers de la tôle perforée. Autre exemple, dans les tunnels en Suisse, où l’on ne trouve quasiment que du GRP sans halogène et classé feu-fumée, plus mal accepté en Allemagne en raison de la difficulté à recycler ce type de matériau. »

Jean-Claude Festinger


Entreprises mentionnées

www.ignes.fr

www.legrandcablemanagement.fr

www.niedax.fr

www.gewiss.fr

catalog.obo-bettermann.com

www.mavil.com

www.unex.fr

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