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 Solution technique - Octobre 2018

N°103 - Bien s’équiper pour travailler confortablement en sécurité et par tous les temps


Qu’il est loin l’antique bleu de travail ! Mais toujours considéré comme un grand classique. Les fabricants de vêtements de travail ont fait preuve d’autant d’imagination que leurs collègues du prêt-à-porter courant pour faire évoluer leurs produits. On distingue généralement deux grandes familles : les vêtements à usage professionnel qui ne dépendent d’aucune norme spécifique et ceux qui, justement, doivent répondre à plusieurs normes bien précises selon le type d’usages, comme c’est le cas pour ceux de l’électricien, qui peut se trouver confronté à des risques.


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En feuilletant les catalogues des spécialistes, le travailleur est loin d’imaginer une telle offre de vêtements mis à sa disposition pour son bien-être et sa sécurité : tissus, formes, couleurs, tailles, design… De la combinaison protégeant des ondes électromagnétiques aux équipements de protection individuels (EPI) en passant par des cordons spéciaux pour attacher ses outils utilisés dans les travaux en hauteur, il n’y a que l’embarras du choix.

Des tissus innovants alliant sécurité, confort et résistance
Comme pour les vêtements classiques, la fibre a son importance : naturelle en coton ou synthétique avec les avantages et les inconvénients afférents aux deux. Les fibres biologiques comme le coton cultivé sans traitement chimique sont mises en avant.
Par ailleurs, ils bénéficient des avancées technologiques utilisées pour les vêtements de sport : certains tissus qualifiés de « thermiques » ou « réfléchissants » conservent le corps à bonne température tout en évacuant la transpiration, généralement source de refroidissement. D’autres sont désignés comme « respirants » et imperméables à l’eau avec une protection contre le vent. Un traitement antibactérien permet même de neutraliser rapidement la transpiration et les odeurs s’en dégageant.
Il existe également des fibres élastiques proposant un ajustement à sa taille pour une plus grande liberté de mouvement.


Vêtements de protection : que disent les normes* ?
Ces équipements doivent répondre à des normes très précises.
- EN 1149-5 : caractérise les contraintes de protection liée à dissipation électrostatique utilisée en complément d’un système de mise à la terre dans le but d’empêcher les décharges incendiaires.
- EN ISO 11612 : spécifie les conditions de protection contre la propagation de la flamme, une source de chaleur émise par convection, par rayonnement ou par contact et/ou des projections de métaux en fusion.
- IEC 61482-2 : définit les exigences de protection contre les risques thermiques liés à l’arc électrique, pour éviter le risque de brûlures au deuxième degré. Deux méthodes de classification existent : la classe de protection à l’arc (APC) et la valeur de performance thermique à l’arc (ATPV).
- EN ISO 11611 : détermine les classes de protection contre les risques liés à la soudure comme la protection contre la chaleur, le contact avec une flamme ou encore les petites projections de métaux en fusion.
- NFPA 70E : la norme, issue de l’Association nationale de protection du feu (NFPA), classifie notamment les EPI de protection contre les effets thermiques de l’arc selon quatre catégories, en faisant appel à la norme ASTM F1959 – norme d’essai – et l’ASTM F1506 – norme produit.



em103 ST 2Les petits plus
Les fabricants rivalisent d’ingéniosité pour apporter certains détails qui font la différence : fermeture à glissière spécialement conçue pour enlever plus rapidement et facilement votre vêtement en cas d’accident, dispositifs antichute et attaches outils pour les travaux en hauteur…

Les équipements de protection individuelle (EPI)
Les différentes tâches à effectuer sur un chantier électrique sont loin d’être sans risques. La législation du travail en la matière est très draconienne (voir encart). Toutes les personnes amenées à intervenir sur des travaux sous tension, avec risques de courts-circuits, d’arcs électriques ou d’atmosphères explosibles (Atex) doivent être équipées d’une protection individuelle, c’est-à-dire protégeant l’ensemble du corps. Cela va du casque à visière aux chaussures de sécurité en passant par les combinaisons, gants isolants et autres accessoires, comme des tapis de sol isolants.
Même si de tels vêtements vous donnent l’allure d’un cosmonaute ou d’un scaphandrier, ils ont été étudiés pour être ergonomiques et relativement confortables à porter pour éviter les TMS (troubles musculosquelettiques).
À noter l’existence de kits complets prêts à l’emploi fournissant une protection globale (tête, corps, membres) contre les effets thermiques d’un éventuel arc électrique.

Pour braver les températures extrêmes
On connaît les vêtements intégrant des fibres chauffantes (comme le carbone) rechargeables grâce à une petite batterie dissimulée dans une poche ou la doublure. Ils assurent une autonomie de huit à dix heures de chaleur selon la capacité de l’accumulateur (généralement au Lithium-Ion). Sur certains modèles, il est même possible de régler la température.
Avec des étés de plus en plus chauds, voire caniculaires, les industriels ont lancé avec succès les vêtements réfrigérants.
Plusieurs technologies différentes sont déployées pour maintenir l’usager au frais, citons en quelques-unes :
– le vêtement que l’on plonge dans l’eau avant de le porter. Le tissu absorbe, stocke et restitue l’eau par évaporation, d’où une sensation de fraîcheur pouvant être ressentie jusqu’à une dizaine d’heures en fonction de la température extérieure ;
– l’habit fabriqué à partir de matériaux à changement de phase. Ceux-ci comportent un liquide spécifique qui gèle à des températures positives (15 degrés environ) et restent à cette température pendant quelques heures ;
– le principe d’insert d’eau gelée sous forme de glaçons rafraîchit certains vêtements se prêtant à cette manipulation comme une veste.


Le saviez-vous* ?
L’article 4 de la section II relative aux obligations des employeurs de la directive 89/656/CEE précise qu’un équipement de protection individuelle doit :
– être approprié aux risques à prévenir, sans induire lui-même un risque accru ;
– répondre aux conditions existant sur le lieu de travail ;
– tenir compte des exigences ergonomiques et de santé du travailleur ;
– convenir au porteur, après tout ajustement nécessaire.
L’article 110 – Exigences générales en matière d’électricité – Méthodes de travail relatives à la sécurité. Paragraphe 110.1 (G) Procédure d’évaluation des risques.
Enfin, tout programme de sécurité électrique doit comporter une procédure d’évaluation des risques qui traite de l’exposition des employés aux dangers électriques (article 110 de la NFPA 70E).



Ne pas sous-estimer les risques
Protéger ses salariés des risques encourus est une véritable nécessité. Il arrive souvent de négliger certains paramètres : le bruit (il existe des protections auditives), les éclats (port de lunettes), l’amiante (systèmes ou masques respiratoires)… Il est également important de veiller à ce que ces protections soient utilisées.

Jean-Marc Loison

* Source : catalogue Catu « Vêtements de protection arc flash et multirisques ».

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