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 Dossier - Octobre 2018

La « LEDification » des hyper et supermarchés


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Conjuguer les enjeux de l’éclairage et l’efficacité énergétique

L’éclairage des hyper et supermarchés, et j’ajouterai celui des grandes enseignes spécialisées, doit répondre à un double but : satisfaire les exigences de marketing et de confort des clients liées aux besoins des commerces en rendant les espaces le plus attrayants possible, et optimiser leur consommation énergétique. Les exploitants de ces grandes surfaces, directeurs d’achats, responsables techniques considèrent l’éclairage sous l’aspect technologique et énergétique et, souvent, laissent aux concepteurs le soin de définir l’aspect attrayant et commerçant. Une de leurs principales préoccupations reste la maîtrise de l’énergie. La loi Elan prévoit une réduction des consommations d’énergie du parc tertiaire de 40 % d’ici à 2030. Ces économies ne peuvent raisonnablement pas être obtenues sans agir sur l’éclairage, car celui-ci représente entre 20 % et 40 % de la consommation d’électricité dans ces espaces.
La technologie LED permettra d’atteindre plus facilement cet objectif, car elle est arrivée aujourd’hui à maturité et son utilisation ne se heurte plus à aucune hésitation dans le marché du neuf. Encore faut-il se poser les bonnes questions : quel est le réel besoin d’éclairage ? Où et quand doit-on éclairer ? Comment mettre en place des systèmes de gestion de la lumière efficaces ? Les détections de mouvement peuvent être intelligemment disposées afin de baisser ou d’augmenter progressivement le niveau d’éclairement (sans éteindre complètement) en fonction de la présence de personnes. Dans les constructions neuves, il est de plus en plus fréquent de bénéficier de lumière naturelle, des capteurs de luminosité judicieusement placés peuvent générer des économies supplémentaires.
En revanche, le taux de pénétration de la LED dans le parc existant est plus long, car les enseignes ne refont leur éclairage qu’au rythme des remodelings ou autres agrandissements. Sa rénovation s’inscrit donc, la plupart du temps, dans un contexte de modification plus large de concept du supermarché, soit environ tous les sept ou dix ans. Mais là encore, la LED s’impose, non seulement pour ses propriétés énergétiques, mais aussi pour ses capacités à embarquer des systèmes de pilotage électronique qui permettent à la fois de maîtriser les consommations et de réduire les coûts de maintenance dont les opérations restent difficiles à mettre en place dans les grandes surfaces.
Compte tenu de la vitesse de progression de ses performances, on peut donc, à juste titre, imaginer que la LED aidera à la généralisation rapide de la gestion de l’éclairage avec détection automatique de la lumière naturelle, géolocalisation, voire au comptage de la consommation propre à l’éclairage, autant de paramètres qui répondent aux exigences environnementales et énergétiques d’aujourd’hui.

Franck Charton, délégué général de Perifem, association technique du commerce et de la distribution


La « LEDification » des hyper et supermarchés


Avec la progression de la technologie LED et les besoins urgents de rénovation, les hypermarchés et les supermarchés, pour des raisons d’économie d’énergie, mais pas seulement, s’équipent de plus en plus de solutions LED. Les maîtres d’ouvrage se préoccupent toujours plus de la mise en valeur des produits, et particulièrement de celle des produits frais, qu’il s’agisse des espaces boucherie, charcuterie, poissonnerie ou fruits et légumes.

em103 doss 1De grandes surfaces à éclairer, des hauteurs sous plafonds importantes, des rayons avec une grande variété de produits qui demandent des mises en valeur différentes, une bonne lisibilité des prix et des dates de péremption ou de limite de consommation, sans oublier le confort du client qui doit bénéficier d’un éclairage suffisant sans se sentir agressé par des niveaux d’éclairement trop élevés constituent autant de paramètres à prendre en compte.
Les exploitants de supermarchés et d’hypermarchés s’accordent sur les enjeux économiques de l’éclairage. Ces commerces, ouverts jusqu’à douze heures par jour, parfois au-delà pour les nocturnes, et bien souvent six jours sur sept, comportent un éclairage qui peut représenter le premier poste des consommations énergétiques. Comme le souligne Franck Charton, délégué général de Périfem, les enseignes ont compris les avantages de la LED et n’hésitent plus à opter pour cette technologie lors de constructions neuves et de rénovations lourdes. « Il faut ajouter à cela, une durée de vie plus longue qui diminue considérablement les opérations de maintenance quasiment réduites à néant, et donc les coûts y afférant. »

Optimiser l’efficacité énergétique
La facture d’électricité et les coûts de maintenance constituent la première des préoccupations pour les exploitants. Même avec les tubes fluorescents traditionnels, voire les T5, l’éclairage d’un supermarché ou d’un hypermarché représente un poste important qu’il est possible de faire varier à la baisse. Ainsi, GE Lighting propose le luminaire étanche Mariner à LED intégrées (en deux longueurs : 1 200 mm et 1 500 mm) qui permet de réaliser jusqu’à 62 % d’économie d’énergie comparé aux luminaires équipés de lampes fluorescentes. Il présente une efficacité lumineuse jusqu’à 126 lm/W (quatre flux différents disponibles) et deux températures de couleur, 4 000 K et 6 500 K. Doté d’un degré de protection IP65 et d’une résistance aux chocs IK08, ce luminaire peut fonctionner dans des températures ambiantes de -20 °C à +40 °C.
em103 doss 2Les opérations de rénovation le montrent bien depuis quelques années dans le domaine : les enseignes, à la recherche d’économie d’énergie, ont fait le choix de la LED. Les puissances installées sont réduites de façon parfois drastiques, l’efficacité lumineuse élevée, les possibilités de faire varier l’intensité, voire les températures de couleur, disponibles, les opérations de maintenance presque inexistantes. Compte tenu de la plage horaire d’ouverture des surfaces de vente, il est impossible d’effectuer l’entretien de l’éclairage pendant la journée et les exploitants ne connaissent que trop bien le prix des interventions de nuit. Avec, en moyenne, une durée de vie annoncée de 50 000 heures, les luminaires LED ont su convaincre et les responsables techniques n’hésitent plus à opter pour cette technologie dont la fiabilité a fait ses preuves.
em103 doss 3Le système TruSys de Ledvance, par exemple, dispose d’une efficacité de 135 lm/W et de quatre types de distributions lumineuses : double asymétrique pour éclairer une allée et les rayonnages, asymétrique ou « lèche mur » pour éclairer un seul linéaire, faisceau extensif pour l’éclairage de grandes surfaces et faisceau intensif pour les grandes hauteurs. Le luminaire se compose d’un rail et de modules lumineux linéaires extrêmement plats de 1,50 m de long qui peuvent être rapidement et facilement assemblés en lignes continues, en lignes discontinues ou en montage individuel.
em103 doss 4La performance avant tout comme leitmotiv pour Sylvania, avec notamment le chemin lumineux FTS (Fast Trunking System) dont l’efficacité peut atteindre 152 lm/W ; il est garanti cinq ans avec une durée de vie annoncée de 80 000 heures (L70B50). Il est constitué de deux types de modules permettant de créer des lignes continues de lumière et se décline en deux dimensions 1 720 mm ou 3 400 mm. Il est disponible en 4 000 K et quatre optiques au choix : large, intensive, double asymétrique, asymétrique droit et asymétrique gauche, et existe en version Dali.
Dans les supermarchés, l’éclairage est permanent et presque toujours d’un niveau constant, même si on voit déjà apparaître des zones qui bénéficient de variations d’intensité selon les heures de la journée, et donc selon la fréquentation. C’est la technologie LED qui permet de répondre à ces différentes attentes. Il est même possible aujourd’hui d’y associer des systèmes de comptage de la consommation et de réguler le niveau d’éclairement en fonction de la zone considérée, voire, éventuellement, des apports de lumière naturelle. À l’inverse, c’est-à-dire en l’absence de lumière du jour, il peut être intéressant pour le bien-être des clients et celui des employés, de reproduire le rythme de changement de température de couleur de la lumière naturelle, afin de donner une indication sur le moment de la journée.
em103 doss 5Avec Licross, Osram mise sur l’efficacité qui peut atteindre jusqu’à 200 lm/W avec une durée de vie annoncée de 100 000 heures. Le luminaire propose des flux lumineux réglables grâce à des drivers multilumens et à des optiques variées (intensive, extensive, asymétrique, spécial commerce…) offrant différent niveaux de confort (disponible en UGR < 19). Combiné avec le système de gestion Symphograph basé sur le cloud, il est possible d’enregistrer, d’analyser et de visualiser les données relatives à la consommation d’énergie, tout comme les informations sur les conditions ambiantes. Symphograph fonctionne sur la nouvelle plateforme cloud Lightelligence d’Osram. La version Tunable White (variation de la couleur de température) permet notamment de simuler la lumière du jour via la variation de la température de couleur et de l’intensité lumineuse. Des émetteurs Einstone (balises intelligentes pour les services localisés) peuvent être intégrés pour aider notamment les commerçants à comprendre le cheminement des clients et présenter les produits ainsi que les campagnes de publicité de sorte à attirer l’attention.

Des mises en lumière différenciées
Certains fabricants font la distinction entre l’éclairage général qui procure les niveaux d’éclairement élevés dans les allées et une lumière d’accentuation dirigée sur les produits selon leur caractéristiques (produits frais ou non, tête de gondole, promotions), tandis que d’autres prônent un même type d’éclairage, avec une mise en valeur différenciée.
em103 doss 6Ainsi, la marque Oktalite a-t-elle développé Canilo Plus, un spot petit mais puissant (jusqu’à plus de 6 000 lm) et efficace (147 lm/W) qui offre plusieurs températures de couleur : 2 700 K, 3 000 K, 3 100 K, 3 500 K et 4 000 K. Il pivote à 355° et orientable sur 200°, permettant de créer différents accents de lumière selon les produits à mettre en valeur.
em103 doss 7Le jeu des contrastes, le rendu des couleurs, la bonne visibilité des détails, qu’il s’agisse des composants, des dates de consommation ou d’emballage, des prix, des marques ou de la provenance des produits et bien sûr le bien-être du client constituent autant de critères pour choisir la bonne mise en scène lumineuse. Avec son IRC de 90, un choix de quatre faisceaux, une rotation de 0° à 350° et une inclinaison de 0° à 90°, le Tonic Spot de Thorn crée des jeux d’ombres et de lumières sur les rayonnages. Les optiques sont interchangeables avec fixation par anneau frontal. Le raccordement au rail mécanique et électrique est assuré par l’adaptateur de rail, pour un positionnement rapide. Tonic fournit une efficacité lumineuse de 90 lm/W avec une température de couleurs de 3 000 K.
em103 doss 8Chez Targetti, le spot Ray Mini est également orientable de 0° à -90° sur le plan vertical et à 359° sur le plan horizontal. Il comporte un système de verrouillage mécanique de l’orientation sur le plan vertical et de blocage de à emboîtement sur le plan horizontal, tandis que le barycentre reste toujours dans l’axe du rail, indépendamment de son pointage. Il comprend une optique de précision à facettes convexes ellipsoïdales en polycarbonate métallisé.
em103 doss 9Pour l’éclairage d’accentuation, Enlite Aurora propose le projecteur EN-TK35 orientable triphasé avec adaptateur rail étroit. Disponible en faisceaux 24° et 36°, il délivre une efficacité de 94 lm/W. Finition noir ou blanc.
Pour créer et moduler des espaces attractifs, Signify lance Interact Retail, une plateforme dédiée à l’éclairage LED connecté qui utilise le zonage et la variation de l’intensité lumineuse pour déclencher certains comportements et propose des offres géolocalisées qui s’affichent dans l’application pour smartphone. Les données par Interact Retail permettent de gérer l’éclairage et la consommation d’énergie dans un ou plusieurs magasins afin d’optimiser l’activité, de réduire la consommation et les coûts de maintenance. Une géolocalisation précise basée sur la technologie intégrée aux luminaires LED oriente les consommateurs et permet de leur proposer certains services (promotions géolocalisées et demande d’aide). Il suffit aux clients d’ouvrir leur application pour être guidés dans le magasin, être alertés des remises lorsqu’ils passent à proximité du rayon concerné.

Produits frais : le rendu des couleurs en jeu
Il ne s’agit pas de se contenter ici d’éclairer, mais de mettre en lumière chaque catégorie de produits, car le rendu des couleurs représente un enjeu primordial. De plus, il faut veiller à ce que la chaleur ne détériore pas la marchandise – comme la LED n’émet pas d’infrarouge, il n’existe pas de risque de dommages dus aux apports calorifiques de la lumière – et à mettre en valeur les produits sans en dénaturer la couleur. Dans tous les cas, un indice de rendu des couleurs élevé, par exemple de 90, est recommandé, mais en ce qui concerne la température de couleur, les choses ne sont pas aussi simples.
Par exemple, on ne saurait traiter de la même façon les fruits et légumes dans leur ensemble car, si une lumière blanche convient bien aux légumes verts, une teinte chaude, entre 2 000 K et 3 000 K, rendra les fruits rouges et la viande plus appétissants.
Au rayon marée, les teintes doivent être adaptées à la chair du poisson : une lumière blanche froide (supérieure à 5 500 K) pour les poissons à chair blanche, comme le cabillaud, la sole ou le turbot, et plutôt une couleur chaude (3 000 K) pour le saumon ou le thon.
C’est sous des teintes chaudes (de 2 700 K à 3 000 K) que les clients entendront croustiller le pain comme s’il sortait du four et qu’ils seront attirés par les viennoiseries, tandis qu’une température de couleur froide rehaussera la crème des pâtisseries pour mieux les tenter.
Les LED offrent toutes ces nuances de températures de couleur et les luminaires qu’elles équipent peuvent être installés au plus près des produits sans nuire à leur conservation, puisque sans dégagement de chaleur.
em103 doss 10Bäro a ainsi développé une large gamme de couleurs de lumière LED en étroite collaboration avec ses partenaires technologiques et offre douze teintes de blanc. En standard, il existe quatre tons de blanc 2 700 K, 3 000 K, 3 500 K et 4 000 K. La teinte PearlWhite sature particulièrement les surfaces jaunes et orange, BeColor intensifie particulièrement les couleurs chaudes, BeCool rehausse les surfaces de couleur plus froides. Par ailleurs, Bäro propose une gamme de couleurs spécifiques aux produits qui s’étend de la couleur claire Sun, qui fait briller les fruits et légumes frais, à GoldenBread, qui redonne l’aspect croustillant au pain, Fish&Seafood pour rendre la fraîcheur des poissons, le classique SpecialMeat et sa nouvelle alternative FreshMeat pour restituer le rouge des viandes. Parmi les modèles de la nouvelle série TX développée par Bäro, Ontero TX sur rail est doté d’un panneau d’éclairage qui peut pivoter de 350° et offre des options flexibles pour un éclairage général homogène des surfaces, allées et rayonnages. Son efficacité lumineuse peut aller jusqu’à 147 lm/W et trois optiques au choix : double asymétrique 25°, WideFlood 60° et Xtra WideFlood 90°. Huit flux lumineux différents sont disponibles en 3 000 K.  

em103 doss 11De son côté, Disano, a lancé Techno System, un profilé lumineux de 1 421 mm de long en standard (et sur demande, six longueurs différentes, allant de 575 mm à 3 395 mm. Il se décline en plusieurs versions : avec optiques PMMA à distribution symétrique 90°, asymétrique 25°, asymétrique double 25°, elliptique 30°x 80°, extensive 60° et UGR <22 et avec diffuseur hémisphérique en polycarbonate à distribution extensive. Il propose deux IRC, 80 ou 90 en 4 000 K avec la possibilité d’obtenir, sur demande, des températures de couleur de 3 000 K ou 6 500 K. Il existe également avec des LED Food spécialement dédiées au secteur alimentaire. Le système est pré-équipé pour l’installation, avec boîtier prévu à cet effet, de spots Fosnova Fashion, d’une version urgence Safety Flag ou d’une cellule de détection de présence et de luminosité.
La technologie permet de travailler la lumière afin de l’adapter aux besoins propres à l’éclairage des commerces alimentaires, qu’il s’agisse d’éclairage général ou d’éclairage d’accentuation.

Isabelle Arnaud


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